Vincent Constant
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Le 13 novembre 2015, la vie de Gaëtan Honoré a basculé. 10 ans après avoir survécu aux attentats du Bataclan, le Nivernais raconte avec précision ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu et comment il a avancé avec ce traumatisme lié à cette soirée marquée par un attentat.
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But I quickly realized that it was necessary to reflect, to think. And so, in 2016, I resumed my studies, and I defended my doctoral thesis less than a year ago. I think it’s something I wouldn’t have done if I hadn’t been present at the Bataclan, clearly. It was something I wanted to do, something I had put aside.
«I would very much like not to remember all of that.» – Gaëtan Honoré, survivor of the Bataclan attack
The virtue of all this is to realize that, given the fragility of life, that moment of indecision in certain situations is largely overshadowed, erased, because we realize that everything can end. And so, the consequence is that we take the plunge and think a little less, or maybe think a little too much sometimes. But in any case, we dive in without necessarily having our apprehensions and fears, and ignoring all of that.
And that is something that truly allowed me to rebuild myself.
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Le 13 novembre 2015, Gaëtan Honoré devait assister à un concert des Eagles of Death Metal à Paris avec un ami et sa cousine. Malheureusement, des terroristes ont fait irruption et ont ouvert le feu dans la foule, plongeant la soirée dans l’horreur. Malgré sa sortie physique indemne, Gaëtan Honoré se souvient de chaque détail de cette nuit cauchemardesque. Près de 10 ans plus tard, il se confie à nos journalistes sur cette expérience traumatisante.
Gaëtan Honoré : Ce soir-là était particulièrement important pour moi car je me préparais pour le concours de l’ENA le lendemain. Nous avions planifié un week-end musical avec le concert des Eagles le vendredi soir, suivi d’un autre concert le samedi, et une exposition le dimanche. Nous étions impatients et très enthousiastes à l’idée de passer ce week-end ensemble.
G.H : Mes souvenirs de cette tragédie sont très précis. Au début, j’ai cru que les tirs étaient une mise en scène du groupe avec des pétards, mais j’ai vite réalisé la gravité de la situation en voyant les gens tomber autour de moi. Le silence qui a suivi m’a fait comprendre que c’était bien réel.
G.H : Chaque détail de cette soirée est gravé dans ma mémoire. Je me souviens d’avoir été poussé vers l’avant par la foule lors de la première salve de tirs, puis d’être tombé à deux reprises. J’ai senti le sang sur le sol devenu glissant, et une personne est tombée sur moi en me guidant sur les déplacements des terroristes. J’ai ressenti un impact violent et compris plus tard qu’elle était décédée sur moi.
Après avoir été touché par des projectiles et avoir attendu derrière le rideau de la scène, j’ai entendu une explosion. C’était une nuit que je n’oublierai jamais.
En lisant les témoignages, notamment celui du policier intervenant, j’ai réalisé que les morceaux de chair retrouvés étaient en fait ceux du terroriste qui s’était fait exploser. Je me suis caché derrière un rideau, pensant être protégé, la tête dans une poubelle, attendant. J’étais encore sur la scène, vivant la scène dans laquelle il y avait eu le plus de victimes. Nous avons ensuite été dirigés vers une cour d’immeubles, où j’ai retrouvé les deux personnes avec qui j’étais au concert.
Identifiant les terroristes, j’ai été conduit au 36 quai des Orfèvres pour témoigner. En racontant mon histoire à plusieurs reprises, cela a été cathartique. Après avoir rencontré une psychologue sur place, j’ai pu commencer à travailler sur l’après. Sortant vers 6 heures du matin avec des vêtements qui n’étaient pas les miens, j’ai été autorisé à rentrer chez moi, malgré le fait que j’habitais loin.
Marcher dans Paris vide au petit matin, vêtu de vêtements ensanglantés, pour retrouver l’appartement de ma sœur a été un moment étrange. Avec le recul, j’ai compris qu’il était impossible d’effacer les souvenirs et que vivre avec ce traumatisme serait la clé de ma vie après l’attentat. Le stress post-traumatique est une bataille constante, avec des périodes d’insomnie et une lutte quotidienne. L’agrégation entre le faire, l’agir et le penser a été un élément crucial dans mon parcours de reconstruction après l’attentat du Bataclan. Le faire a pris la forme de pratiques sportives intenses, notamment l’ultra-trail, qui m’ont permis de vivre des expériences uniques, comme ma participation à l’UTMB en 2023.
Cependant, j’ai rapidement réalisé qu’il était tout aussi important de réfléchir et de penser. C’est pourquoi j’ai décidé de reprendre mes études en 2016 et de soutenir ma thèse de doctorat il y a moins d’un an. Cette décision a été influencée par l’attentat du Bataclan, car cela m’a rappelé l’importance de poursuivre mes aspirations et de ne pas laisser mes rêves de côté.
Malgré les difficultés et les traumatismes liés à cette tragédie, j’ai trouvé la force de me reconstruire en me rappelant la fragilité de la vie. Cette prise de conscience m’a poussé à agir sans hésitation, à réfléchir moins aux obstacles et aux peurs, et à avancer malgré tout. Cette attitude m’a permis de surmonter les moments d’indécision et de retrouver un certain équilibre.
Au final, cette expérience m’a non seulement permis de me reconstruire, mais aussi de réaliser l’importance de vivre pleinement chaque instant. En ayant conscience de la fugacité de la vie, j’ai appris à apprécier chaque opportunité qui se présente à moi et à agir en conséquence. Cette leçon m’a accompagné tout au long de mon parcours post-attentat et continue de guider mes choix et mes actions au quotidien. Je me souviens absolument de tout : le récit glaçant de Gaëtan Honoré, rescapé du Bataclan. Le premier concert des Eagles avait eu lieu le vendredi. Le samedi soir, il y avait également un concert d’Electric Six. Le dimanche devait se terminer par une exposition à la Cinémathèque, sur Martin Scorsese. C’était un week-end que nous attendions avec impatience depuis des semaines, plein d’enthousiasme.
En repensant à cette scène, mes souvenirs sont très précis. Au début, j’ai pensé que c’était une mise en scène loufoque du groupe avec des pétards, mais j’ai vite compris la gravité de la situation en voyant des gens tomber autour de moi. Le silence qui a suivi m’a fait réaliser que nous étions attaqués par des tireurs.
Je me souviens de chaque détail de cette soirée. Lors de la première série de tirs, j’ai été poussé en avant par la foule, sans issue. Je suis tombé une première fois, puis une deuxième. Une personne est tombée sur moi, me guidant sur les déplacements des terroristes. Après avoir ressenti un impact important, j’ai compris que cette personne était décédée sur moi.
Après m’être relevé, je me suis caché derrière le rideau sur la droite de la scène. J’ai entendu une explosion et des projectiles m’ont touché au visage, pensant d’abord à une canalisation explosée. Plus tard, j’ai réalisé qu’il s’agissait de morceaux de chair du terroriste. J’ai attendu caché derrière le rideau, pensant être protégé.
Finalement, la BRI est arrivée et nous a évacués. J’étais dans la zone où il y a eu le plus de victimes. Après avoir identifié les terroristes, j’ai été emmené pour témoigner au 36 quai des Orfèvres, en prenant un bus de la RATP avec une couverture de survie.
SOURCE
Staff
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À l’occasion du 10e anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, nous avons rencontré des Normands qui se trouvaient en première ligne ce soir-là. Parmi eux, Ludovic Panheleux. Grièvement blessé au Bataclan, celui qui vit à Caen, a accepté de revenir sur cette nuit d’horreur. Une façon pour lui d’avancer. Ce survivant du Bataclan se confie pour la première fois dans le calme de sa maison à Caen. Ludovic Panheleux revient sur les événements du 13 novembre 2015, une expérience douloureuse mais thérapeutique pour lui. Il se confronte à ses souvenirs, comme le concert d’Eagles of Death Metal au Bataclan, où il a été victime d’une attaque terroriste. Se remémorant la soirée, Ludovic se rappelle d’une ambiance joyeuse avant que tout bascule. Il décrit l’horreur de la scène, les tirs de Kalachnikov, les blessures qu’il a subies. Après avoir perdu connaissance, il se réveille dans un cauchemar de sang et de corps inertes. Il tente de fuir mais est empêché par les terroristes. Gravement blessé, Ludovic parvient finalement à sortir du Bataclan et est secouru par des riverains. Après des années de reconstruction physique et psychologique, il reconnaît enfin ses blessures intérieures et accepte l’aide nécessaire pour surmonter le stress post-traumatique. Aujourd’hui, Ludovic partage son histoire pour sensibiliser sur les conséquences des attaques terroristes et l’importance de se reconstruire après de telles épreuves. Confessions d’un survivant du Bataclan: «Un long chemin vers la résilience»[embed]https://www.youtube.com/watch?v=FHyZqYuqShA[/embed]

Stratégie française en Amérique latine contre les drogues: accent sur l’interdiction et la coopération

Le 13 novembre 2015, Ariane Theiller, 24 ans, a perdu la vie dans l’attentat du Bataclan, sous les balles des terroristes. Une vie interrompue trop tôt. Un événement tragique qui a profondément bouleversé sa famille. Depuis 10 ans, sa mère, Viviane, se bat pour préserver sa mémoire. Rencontre avec une femme d’une force et d’une humanité exceptionnelles. Lorsque l’on sonne à la porte de Viviane Theiller, on ne peut pas ignorer le prénom de sa fille. Même si dix ans se sont écoulés, le nom d’Ariane est toujours inscrit sur la sonnette, aux côtés de ceux de ses frères et de sa mère. Six lettres : Ariane. «J’avais mis cette étiquette depuis mon emménagement en août 2015», explique la sexagénaire avec un sourire triste, en nous accueillant dans sa maison perchée sur les hauteurs de Besançon. «Je ne me permets pas d’effacer son prénom. Elle reste ma fille, elle est toujours là. Ce n’est pas du déni. Elle a le droit d’être sur l’étiquette». Le 13 novembre 2015, Ariane Theiller, 24 ans, a été tuée au Bataclan, victime des balles des terroristes islamistes alors qu’elle assistait au concert des Eagles of Death Metal. Comme 89 autres personnes innocentes, elle a été arrachée à sa famille, à ses amis, à ses collègues, de la manière la plus tragique et injuste qui soit. Face à la mort de sa fille, Viviane aurait pu s’effondrer. Mais aujourd’hui, à l’âge de 69 ans, son seul souhait est de continuer à parler d’Ariane, qui vit intensément dans son esprit et dans son cœur. «Elle était un soleil», murmure sa mère. «Elle représentait la vie, la tolérance, l’ouverture d’esprit, la gentillesse. Ariane vit en moi, je la porte en moi». Ce devoir de mémoire envers sa fille, «pour que l’on se souvienne d’elle et pas seulement des noms des assassins», est une responsabilité que Viviane prend à cœur. Cette sexagénaire dynamique et au regard pétillant, ancienne professeure de lettres, a accepté de nous recevoir pour évoquer avec émotion et dignité le souvenir d’Ariane. Ariane avait un visage enfantin, des yeux rieurs sous des cheveux roux mi-longs, un sourire laissant entrevoir une petite fossette. Sur plusieurs photographies exposées chez Viviane, le visage d’Ariane dégage une joie de vivre évidente. En servant une tasse de thé, sa mère se remémore. «Elle était surprenante quand elle était petite, dans son propre monde. Ariane était naturelle, authentique, curieuse et passionnée. Elle était maladroite, faisait des erreurs, ce qui la rendait encore plus attachante». «Ariane aimait la musique», poursuit Viviane, les yeux brillants. «Elle a commencé par la clarinette avant de se passionner pour la guitare. Elle jouait bien, elle était talentueuse. Elle aimait aussi voyager et dessiner». Viviane, la force d’une femme debout, sortait d’un master en édition, était fan de super-héroïnes et voulait se lancer dans les Comics. Biberonnée aux Beatles, Ariane s’est ensuite passionnée pour le metal et le hard rock. «Quelques jours avant le 13 novembre, elle était venue à Besançon», se souvient Viviane. «Elle sortait d’un autre concert, qu’elle n’avait pas vraiment apprécié. «Heureusement, je vais bientôt voir les Eagles au Bataclan. Ca va être génial, du bon rock» m’avait-elle dit». Cette funeste journée du 13 novembre 2015, Viviane Theiller est donc rassurée. Elle part courir, comme à son habitude. Bricole le calendrier de l’avent d’Ariane, «qui avait cette année des motifs de chouette». Et part se coucher, vers 22h. Avant d’être appelée par son fils aîné, Stéphane. Il habitait lui aussi à Paris. Il a dit, «il y a du grabuge, mais rassurez-vous, moi, je suis à l’abri, je ne risque rien». Et immédiatement, j’ai dit, «mais et Ariane ? Ariane, elle sort ce soir». Puis on a branché la télé. Suivront des heures d’angoisses. «Comme toutes les familles, on l’a appelé. Plusieurs fois. Sans réponse. On a vu à la TV que ça se passait au Bataclan. Ils ont évacué le public, les mains sur la tête. Je guettais chaque personne pour la voir. Mais toujours rien» se souvient Viviane. «Plus le temps avançait, moins on avait de nouvelles. Stéphane a appelé tous les hôpitaux de Paris, sans succès». Les recherches continuent le lendemain. Sur internet, plusieurs personnes assurent à la famille Theiller qu’Ariane est vivante. Jusqu’à un appel, à 14h. «Stéphane a téléphoné, pour nous dire que les policiers l’avait prévenu. Sa soeur faisait partie des victimes» lâche Viviane d’une voix blanche, en se touchant machinalement les mains. «J’ai eu l’impression d’une chape de glace qui me tombait dessus. Mon plus jeune fils, qui était avec moi, s’est effondré». Sans réaliser vraiment ce qui vient d’arriver, toute la famille se retrouve le dimanche suivant à Paris. Ils attendront trois jours pour voir le corps d’Ariane. «Comme une automate», Viviane est prise dans un tourbillon. «Je me souviens d’avoir dû gérer les réponses aux messages de condoléances, les futures obsèques de ma fille de 24 ans… Et des choses basiques, comme vider son appartement». Le choc est énorme. Les cartons contenant les affaires d’Ariane sont d’ailleurs toujours ici, à Besançon. Viviane ne les a ouverts qu’une fois, pour une amie de sa fille. «Je veux lui laisser son intimité» assure-t-elle. «Rien que pour son téléphone, quand on l’a récupéré, on a vu les dizaines de messages, «mais réponds-nous ?», «où es-tu ?», «Tu es en sécurité ?». Son ordinateur, c’est pareil. Je n’ai pas pu les ouvrir». Après une cérémonie au Père Lachaise, la jeune femme sera incinérée. C’est Viviane, qui a emménagé dans la cité bisontine quelques mois avant les attentats du Bataclan, qui récupérera les cendres. Elle souhaitait que sa fille repose près d’elle, même si elle n’avait pas d’attaches particulières en Franche-Comté. Je suis allé récupérer les cendres d’Ariane sur Paris, et j’ai fait le trajet retour en train jusqu’à Besançon avec les cendres de ma fille dans le sac à dos. C’était difficile. En revenant, le caveau n’était pas prêt. Viviane, la force d’une femme debout J’ai donc gardé les cendres de ma fille dans ma chambre, pendant un mois. Suivra une nouvelle cérémonie, au cimetière des Chaprais, à Besançon. Et une vie bouleversée, pour la famille Theiller. «Cela reste une blessure énorme pour tout le monde. Son papa est toujours extrêmement affecté. À chaque 13 novembre, il n’est pas bien». «Notre fils aîné, Stéphane, celui qui nous a appris la nouvelle, n’en parle pas. Jamais. Il ne va pas au cimetière» continue-t-elle. «Il n’avait qu’un an d’écart avec Ariane. Ils ont tout partagé. Mais c’est toujours trop dur pour lui. Mon dernier fils, Martin, me parle d’Ariane, mais jamais de sa mort». Et Viviane dans tout ça ? Le deuil et la reconstruction de la sexagénaire ont pris une forme différente. Après la mort d’Ariane, elle s’est ainsi rapprochée de sa fille. Elle s’est mise à écouter du metal, genre musical dont elle collectionne aujourd’hui les CD. A commencé à apprendre la guitare. A lu des comics, que son enfant dévorait et voulait dessiner. Le lien entre mère et fille a subsisté, malgré la mort, et s’est même renforcé. Viviane nous reçoit d’ailleurs aujourd’hui avec un T-Shirt noir, siglé de deux «W» jaune, l’emblème de la plus célèbre super-héroïne de comics, Wonder Woman. «C’était un T-Shirt que je lui avais acheté» sourit Viviane. «C’était le sien. C’est devenu le mien». «Ariane vit dans cette maison, m’accompagne au quotidien. Quand je rate un plat, ça me fait sourire, car elle n’était pas très forte en cuisine. Quand mon ordinateur est sale, ça me rappelle un moment où elle avait voulu, naïvement, nettoyer le sien avec de l’eau. Ce sont des souvenirs, qui me font penser à elle constamment. «Je continue ma vie, avec Ariane en moi. C’est un drame, mais il faut avancer. Tous ces jeunes qui ont perdu la vie à un concert, ils aimaient la vie. On ne les faisait pas taire. Donc je parle, je vis et je crie pour eux. Et pour ma fille». Dans ce chemin de deuil, Viviane retient deux moments particulièrement importants. D’abord sa visite du Bataclan au printemps 2016, lieu où est morte sa fille. Un moment douloureux, mais nécessaire. «Je me suis rendu compte que c’était un piège, une véritable souricière, qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir. C’était une exécution» se souvient-elle. «Mais j’étais contente d’y être allée, pour voir ce qu’elle avait pu vivre». Puis, six ans plus tard, en 2022, sa venue au concert des Eagles of Death Metal, le groupe qui jouait au Bataclan lors des attentats. «Ils jouaient à La Rodia, à Besançon» dit Viviane. «Au fond de moi, je savais que je voulais aller les voir. Mais je ne savais pas si j’aurais la force. Au final, j’ai demandé à une amie de venir avec moi. Rewrite «Viviane, la force d’une femme debout» en français, en respectant le contexte de «Et c’était un super moment». Pourtant, malgré le traumatisme toujours présent, Viviane Theiller a ressenti de la peur lors de ce concert. Pendant le spectacle, les agents de sécurité s’agitaient. La sexagénaire a paniqué, pensant que «ça allait recommencer». «En fin de compte, c’était juste que le chanteur était allé dans le public», se rappelle-t-elle. «De toute façon, depuis la mort d’Ariane, chaque fois que je vais dans une salle de concert, mon premier réflexe est de regarder les sorties de secours», comme pour savoir comment échapper à d’éventuels tueurs. Pense-t-elle parfois aux terroristes qui lui ont enlevé sa fille ? «Pour eux, je ressens de l’indifférence», avoue Viviane. «J’en veux plus à ceux qui ont commandité ces massacres. Ceux qui ont tiré sont de pauvres types, des hommes perdus, qui ont été manipulés. Ils avaient l’âge de leurs victimes. Quelle tragédie épouvantable». «Ils ont attaqué des personnes qui ne pouvaient pas se défendre. C’était d’une lâcheté extrême. Je ne les hais pas, mais je ne peux pas pardonner.» Pas de pardon. Et contre ces tueurs, un combat «de tous les instants» : tout faire pour que leurs noms ne soient pas les seuls retenus par l’Histoire. Pour cela, Viviane a choisi un moyen simple : parler de sa fille et des autres victimes. «On me demande souvent ce que je ressens quand arrive cette date du 13 novembre», explique Viviane. «Eh bien moi, je suis contente. Car je sais que j’aurai l’occasion de parler de ma fille». Témoigner, raconter ce qu’ils étaient, ce qui les animait. Pour éviter que le monde, la société, les oublie. Voilà la plus grande peur de la sexagénaire : l’oubli. Que ce qui s’est passé ce soir de novembre 2015 soit effacé des mémoires. Une réalité qui peut sembler impossible. Mais dont Viviane a déjà fait l’expérience. «Quelques années après les attentats, je suis remontée à Paris pour une commémoration», livre-t-elle. «Devant le Bataclan, il y avait du monde, forcément. Et des passants s’arrêtaient, en ne sachant pas pourquoi on était rassemblés là. On a dû leur expliquer. Cela m’a profondément choqué». Cette année, Viviane remontera donc à Paris, comme chaque année, pour la cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre. Des moments mémoriels qu’elle ne goûte pas particulièrement, mais qui «sont nécessaires». Depuis notre arrivée chez Viviane, les minutes ont filé. Dans les tasses, le thé a refroidi. Logique, tout au long de notre entretien, nous ne l’avons presque pas touché, captivés par le récit de notre hôte du jour. Nous l’incitons d’ailleurs à parler d’elle. «Aujourd’hui, je crois aller bien» finit-elle par répondre. «En tout cas, j’ai la volonté d’aller bien. Ma vie a changé, et ne sera plus jamais la même. C’est certain. Mais je ne suis plus dans la peine, dans le chagrin. Je suis beaucoup plus énergique, combative, depuis ce drame. Peut-être plus moderne, aussi. Je le dois à ma fille. Elle était comme ça». «Ma force, c’est de pouvoir parler. Les attentats ne se sont pas arrêtés au 13 novembre, il le faut. Oui, ma fille est partie. Je dis «partie», car j’ai du mal à dire qu’elle est morte, qu’elle est décédée».[embed]https://www.youtube.com/watch?v=LS_9QR9zMRU[/embed]

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