Avec son profil de mathématicien pro-européen, Nicusor Dan devra maintenant résoudre l’équation d’un pays divisé, entre partisans de l’Union européenne et eurosceptiques, entre progressistes et conservateurs, entre jeunes urbains et populations rurales. Sa victoire marque un tournant pour la Roumanie, qui voit ainsi se profiler un avenir incertain mais porteur d’espoir. Nicusor Dan, un mathématicien pro-européen chargé de résoudre l’équation d’un pays divisé, a remporté une victoire électorale grâce à son inébranlable soutien à l’Ukraine voisine et son engagement en faveur de l’Europe. Cependant, cette victoire l’oppose frontalement à l’isolationniste George Simion. «C’est la victoire de milliers et de milliers de gens qui ont cru que la Roumanie pouvait changer dans la bonne direction», a déclaré Nicusor Dan devant ses partisans, entouré de chants en l’honneur de l’Europe et moquant la Russie. Malgré cela, le nouveau président a été élu dans un pays divisé, étant plébiscité par les habitants des villes mais boudé par de nombreux électeurs des zones rurales. Nicusor Dan, un prodige des mathématiques ayant remporté les Olympiades internationales à deux reprises, est revenu en Roumanie après des études en France pour devenir chercheur à l’Institut de Mathématiques de l’Académie roumaine. Militant contre le développement urbain illégal et pour la préservation du patrimoine historique, il a fondé une association et un parti politique réformateur. Élu maire de Bucarest en 2020, puis réélu quatre ans plus tard, Nicusor Dan a été critiqué pour son manque d’assurance et ses propos hésitants. Malgré cela, il a réussi à moderniser la ville et à la sauver de la faillite. En tant que chrétien orthodoxe, il prône la séparation entre l’Église et l’État et se décrit comme un réformateur. Père de deux enfants, Nicusor Dan vit avec sa compagne Mirabela Gradinaru à Bucarest. Il a été photographié en train d’accompagner sa fille à l’école peu après son élection. Nicusor Dan, un mathématicien pro-européen, devra résoudre l’équation d’un pays divisé «Je veux que mes enfants ne voient pas la différence dans le fait que leur père occupe une fonction publique», déclarait-il dans un récent entretien à la chaîne ProTV. Tout heureux à l’annonce de sa difficile qualification au premier tour (21% des voix), ce candidat indépendant s’est montré combatif dans l’entre-deux-tours et a occupé l’espace médiatique tandis que son adversaire laissait souvent sa chaise vide. Peut-être pour atténuer l’image d’intellectuel réservé qui lui colle à la peau, et un certain manque d’éloquence. Il a désormais pour défi de former un gouvernement, qui devrait être confié à une coalition des partis pro-européens : l’USR – qui avait lâché sa propre candidate, Elena Lasconi – le Parti national libéral, le Parti social-démocrate et l’Union démocrate magyare de Roumanie. Nicusor Dan «devra œuvrer à la réconciliation dans une société profondément polarisée, en colère, où le compromis et le dialogue semblent suspendus», estime auprès de l’AFP Sorina Soare, politologue à l’université de Florence (Italie), pointant «la vulnérabilité» du pays et «les risques de déstabilisation». Lors d’un débat télévisé, Nicusor Dan avait rédigé une promesse manuscrite, qui ne devait être ouverte qu’en cas de victoire. Le petit bout de papier a vite été rendu public après avoir été sorti du coffre-fort. «Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour regagner la confiance des Roumains dans les institutions de l’Etat, écrit le cinquième président du pays. Et pour restaurer l’espoir des Roumains que la Roumanie deviendra le pays dans lequel nous et nos enfants voulons vivre.»

Le maire de Bucarest est parvenu à remonter un important retard pour remporter l’élection présidentielle. Cette personnalité pro-européenne est connue pour ses positions anticorruption, dans un pays lassé par la classe politique.





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Nicusor Dan dans un bureau de vote de Fagaras (Roumanie), le 18 mai 2025. (ALEX NICODIM / ANADOLU / AFP)
Nicusor Dan dans un bureau de vote de Fagaras (Roumanie), le 18 mai 2025. (ALEX NICODIM / ANADOLU / AFP)

De nombreux dirigeants n’ont pas caché leur soulagement à l’annonce de la victoire de Nicusor Dan à la présidentielle roumaine. Le maire de la capitale Bucarest a finalement déjoué les pronostics, dimanche 18 mai, pour s’imposer face à son rival, l’eurosceptique George Simion. Malgré un retard de 20 points au premier tour, il a finalement bénéficié d’un regain de mobilisation pour s’imposer avec 53,6% des suffrages, soit une avance de 829 589 voix sur son adversaire. Cet homme politique relativement discret, qui s’est fait connaître en luttant contre la corruption à Bucarest, va donc prendre les rênes de ce pays de l’Union européenne (UE), peuplé de 19 millions d’habitants.

Son élection vient clore une grave crise politique marquée, fin novembre, par l’annulation du précédent scrutin sur fond d’ingérence russe. Le candidat du parti de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), Calin Georgescu, était arrivé en tête du premier tour à la surprise générale. Nicusor Dan s’est alors lancé dans la course avec son thème favori, une «Roumanie honnête», alors qu’une partie de l’opinion exprime un rejet de la classe politique aux manettes depuis la fin du communisme en 1989.

Son soutien infaillible à l’Ukraine voisine et son engagement envers l’Europe le positionnaient directement à l’opposé de l’isolationniste George Simion.

«C’est la victoire de milliers de personnes qui ont cru en un changement positif pour la Roumanie», a déclaré Nicusor Dan devant ses partisans dimanche soir, au milieu de chants en faveur de l’Europe et de moqueries envers la Russie. Cependant, le nouveau président a remporté les élections dans un pays divisé, étant plébiscité par les électeurs urbains mais rejeté par de nombreux électeurs des régions rurales.

Nicusor Dan est né à Fagaras, en Transylvanie, le 20 décembre 1969. Brillant mathématicien, il a remporté à deux reprises les Olympiades internationales de mathématiques en 1987 et 1988. Après des études en France, il est retourné en Roumanie pour travailler comme chercheur et a fondé l’Ecole normale de Bucarest. Il a également été secrétaire d’Etat à la Diaspora, mais a refusé ce poste pour se consacrer à la préservation des bâtiments historiques et à la lutte contre la corruption.

Nicusor Dan est devenu maire de Bucarest en 2020 et a été réélu en 2024. Il a été critiqué pour son manque d’assurance mais loué pour son intégrité. Il a exprimé son intention de réformer les services de renseignement et a souligné l’importance du bon fonctionnement des institutions de l’Etat. Bien qu’il se décrive comme un réformateur, il évite de prendre position sur les questions des droits des personnes LGBT et des unions civiles.

Père de deux enfants, Nicusor Dan vit avec Mirabela Gradinaru à Bucarest. Le couple n’est pas marié et loue un appartement pour 580 euros par mois. Le lendemain de son élection, il a été photographié en train d’accompagner sa fille à l’école. In a recent interview with ProTV, he stated, «I want my children not to see the difference [in the fact] that their father holds a public office.

Ecstatic at the announcement of his difficult qualification in the first round (21% of the votes), this independent candidate showed determination in the runoff and dominated the media space while his opponent often left his chair empty. Perhaps to soften the image of a reserved intellectual that sticks to him, and a certain lack of eloquence. His challenge now is to form a government, which is expected to be entrusted to a coalition of pro-European parties: USR – which had dropped its own candidate, Elena Lasconi – the National Liberal Party, the Social Democratic Party, and the Hungarian Democratic Union of Romania.


Nicusor Dan and George Simion, the two candidates in the Romanian presidential election, during a televised debate on May 8, 2025. (ALEX NICODIM / NURPHOTO VIA AFP)

Nicusor Dan and George Simion, the two candidates in the Romanian presidential election, during a televised debate on May 8, 2025. (ALEX NICODIM / NURPHOTO VIA AFP)

Nicusor Dan «will have to work towards reconciliation in a deeply polarized and angry society, where compromise and dialogue seem to be suspended», according to Sorina Soare, a political scientist at the University of Florence (Italy), pointing out «the vulnerability» of the country and «the risks of destabilization».

During a televised debate, Nicusor Dan had written a handwritten promise, which was only to be opened in case of victory. The small piece of paper was quickly made public after being taken out of the safe. «I will do everything in my power to regain the trust of Romanians in the state institutions, writes the fifth president of the country. And to restore the hope of Romanians that Romania will become the country in which we and our children want to live.»

Cette personnalité pro-européenne, connue pour ses positions anticorruption, a remporté la présidentielle dans un pays fatigué de sa classe politique. Le candidat a remporté la victoire dans un pays divisé, malgré le fait d’avoir été boudé par de nombreux électeurs des zones rurales, tout en étant plébiscité par un électorat urbain.

Le candidat est arrivé tôt pour voter dans son lieu de naissance, Fagaras, une ville de Transylvanie. Il était un prodige des mathématiques, ayant remporté les Olympiades internationales à deux reprises. Après des études en France, il est retourné en Roumanie pour travailler comme chercheur en mathématiques et a fondé une école inspirée du modèle français. Il a également milité contre le développement urbain illégal et la corruption, se faisant connaître par ses combats pour la préservation des bâtiments historiques.

Après avoir accédé à la mairie de Bucarest en 2020, il a été réélu quatre ans plus tard. Ses détracteurs critiquent son manque d’assurance, mais reconnaissent son honnêteté. Il a évoqué la réforme des services de renseignement et se décrit comme un réformateur. Il est marié à Mirabela Gradinaru et a deux enfants.

Malgré son image d’intellectuel réservé, il s’est montré combatif pendant la campagne électorale et a occupé l’espace médiatique, tandis que son adversaire était souvent absent. Il a maintenant pour défi de former un gouvernement, qui devrait être confié à une coalition des partis pro-européens : l’USR – qui avait abandonné sa propre candidate, Elena Lasconi – le Parti national libéral, le Parti social-démocrate et l’Union démocrate magyare de Roumanie.

Nicusor Dan devra œuvrer à la réconciliation dans une société profondément polarisée, en colère, où le compromis et le dialogue semblent suspendus, estime auprès de l’AFP Sorina Soare, politologue à l’université de Florence (Italie), pointant la vulnérabilité du pays et les risques de déstabilisation.

Lors d’un débat télévisé, Nicusor Dan avait rédigé une promesse manuscrite, qui ne devait être ouverte qu’en cas de victoire. Le petit bout de papier a vite été rendu public après avoir été sorti du coffre-fort. «Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour regagner la confiance des Roumains dans les institutions de l’Etat, écrit le cinquième président du pays. Et pour restaurer l’espoir des Roumains que la Roumanie deviendra le pays dans lequel nous et nos enfants voulons vivre.»

Le maire de Bucarest est parvenu à remonter un important retard pour remporter l’élection présidentielle. Cette figure pro-européenne est célèbre pour ses positions anticorruption dans un pays fatigué de sa classe politique. Le candidat a remporté la victoire dans un pays divisé, avec une forte popularité parmi les électeurs urbains mais un rejet de nombreux électeurs des zones rurales. Il est né à Fagaras, en Transylvanie, en 1969, et a brillé dans les mathématiques avant de poursuivre ses études en France. De retour en Roumanie, il a travaillé comme chercheur, fondé une école et s’est engagé dans la préservation des bâtiments historiques.

Après avoir été maire de Bucarest et réélu, il est devenu président du pays. Il est critiqué pour son manque d’aplomb mais apprécié pour son honnêteté. Il envisage des réformes pour améliorer le fonctionnement de l’État et critique l’association politique excessive avec l’Église. Il préfère laisser la société décider des questions des droits des personnes LGBT et des unions civiles.

Père de deux enfants, il vit avec sa compagne sans être marié. Il a été photographié accompagnant sa fille à l’école après son élection. Malgré son image d’intellectuel réservé, il s’est montré combatif pendant la campagne électorale et a su occuper l’espace médiatique.

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