» fait remarquer le procureur général. Chérif Chabbi, lui, nie en bloc. Selon lui, il n’y a jamais eu de geste déplacé, encore moins de harcèlement. Il évoque des relations cordiales et professionnelles avec son ancienne secrétaire et se dit surpris de ces accusations portées contre lui. Il assure n’avoir jamais eu l’intention de la mettre mal à l’aise et affirme que tout cela n’est qu’une incompréhension. Les membres du CSM semblent dubitatifs face à ces dénégations. Certains échangent des regards entendus, d’autres prennent des notes. La séance se poursuit avec les témoignages d’autres subordonnées de Chérif Chabbi, qui font état de comportements similaires à ceux décrits par la secrétaire. À l’issue de l’audience, le procureur général prend la parole pour annoncer que le Conseil supérieur de la magistrature va délibérer et rendre sa décision dans les prochaines semaines. Chérif Chabbi repartira donc de Paris sans savoir s’il pourra conserver son poste à Castres, ni quelle sanction sera éventuellement prononcée à son encontre. Défense laborieuse de l’ancien procureur de la République de Castres accusé de harcèlement sexuel

Dans une grande salle de la Cour de cassation à la décoration soignée, Chérif Chabbi, 53 ans se tient debout dans son costume, entouré de ses avocats et de représentants syndicaux. Face à lui, les membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et notamment le procureur général auprès de la Cour de cassation, Rémi Heitz, considéré comme le premier magistrat de France, qui préside les débats.

Ce dernier l’interroge d’abord au sujet des remarques à connotations sexuelles dont s’est plainte à l’été 2023 son ancienne secrétaire, de 20 ans sa cadette. Il l’interroge également sur ses gestes problématiques. Un jour, ce sont deux bisous appuyés sur les joues. Un autre, c’est une main dans les cheveux alors qu’elle est coincée dos à une porte. Sans parler de ce déjeuner à l’issue duquel l’assistante raconte que son supérieur, chef de la juridiction, lui a agrippé la main et l’a serrée par la taille.

«Tous ces comportements sont très gênants pour votre secrétaire de surcroît mariée et mère de deux enfants. Elle est restée silencieuse pendant longtemps en raison de son sens aigu de la hiérarchie et de sa politesse, mais à un moment donné, l’accumulation de situations gênantes a rendu son malaise insupportable», demande Rémi Heitz.

L’intéressé répète maladroitement : «Je ne nie pas son récit […] je ne conteste rien […] si elle l’a dit, c’est que c’est vrai et je regrette qu’elle ait souffert de mon attitude», mais il explique immédiatement qu’il n’a pas de souvenir précis de tout et qu’il n’a pas perçu l’embarras dans lequel elle a pu se retrouver. «Que penser des invitations insistantes à dîner en tête à tête malgré ses refus répétés ?», poursuit le président de la formation «parquet» du CSM. «C’était seulement pour la remercier de son travail, de ses attentions», répond Chérif Chabbi.

L’ex-procureur de la République de Castres est interrogé sur un SMS envoyé à sa collaboratrice dans lequel il l’invitait à le rejoindre dans sa piscine alors qu’elle était au tribunal et lui en télétravail. Il finit par reconnaître un comportement «inadapté et inacceptable» dans une période de surmenage, où il n’était pas dans son état normal, «embarqué dans une spirale infernale».

«Je suis comme ça, j’ai été élevé comme ça.» Chérif Chabbi, ex-procureur de la République de Castres (source : franceinfo)

«Cela n’est pas approprié, mais j’ai toujours été tactile, élogieux, atypique. À Castres, j’ai voulu être proche des agents, hommes et femmes. J’ai cherché un management horizontal pour renouveler le dialogue social», argumente Chérif Chabbi. Son intention aurait été de soulager les souffrances des fonctionnaires dans une petite juridiction en manque d’effectifs et submergée de travail. Il confie à l’audience que le quasi-burn-out qu’il a traversé à l’époque l’a contraint à consulter et à prendre des anxiolytiques et des antidépresseurs pour faire face.

Il n’avait jamais occupé de fonctions aussi élevées avant sa nomination à Castres, où il avait le sentiment de pouvoir prendre sa revanche sur une enfance décrite comme «indigente», au sein d’une famille extrêmement défavorisée.

Au cours de l’enquête administrative menée par l’inspection générale de la Justice, plusieurs fonctionnaires du tribunal ont rapporté avoir été témoins des propos inappropriés du procureur envers sa collaboratrice, et trois autres greffières ont également déclaré avoir été la cible de ses remarques gênantes, de ses blagues graveleuses et de ses propos sexistes.

Lorsqu’il s’explique devant ses pairs, le magistrat tente de justifier : «J’ai toujours été comme ça, et en vingt ans, aucun supérieur ne m’a jamais repris. J’ai même vu des procureurs se comporter de la même manière sans que cela pose problème», laissant entendre qu’il a simplement été pris au piège par l’évolution des normes sociales et que, il y a peu de temps, son attitude n’était pas répréhensible.

Elisabeth Guigou, première femme garde des Sceaux aujourd’hui membre du CSM siégeant aux côtés de Rémi Heitz, prend la parole : «Et aujourd’hui, Monsieur, quel regard portez-vous sur les faits qui vous sont reprochés et avez-vous changé ?». Le mis en cause explique qu’avec le recul, il regrette évidemment son comportement, qu’il aimerait revenir en arrière mais ne le peut pas, et qu’aujourd’hui, il a complètement revu sa façon d’agir, qu’il a pris ses distances avec les autres, mais c’est aussi plus simple car il n’est plus «épuisé, surchargé de travail».

Jouant le rôle de l’accusation, une responsable des ressources humaines du ministère de la Justice pointe du doigt chez Chérif Chabbi «un comportement sexiste et humiliant qui porte atteinte à l’image de l’institution judiciaire». Elle dénonce «des manquements sérieux aux obligations de dignité et de délicatesse qui incombent à un magistrat» et réclame une sanction exemplaire. Elle ne souhaite pas une révocation mais une rétrogradation, ce qui implique notamment une baisse de revenus. Le Conseil supérieur de la magistrature a mis sa décision en délibéré au 29 avril. Il s’agira d’un avis sur lequel se basera le garde des Sceaux pour prononcer, ou non, une sanction à l’encontre du magistrat.

L’ancien procureur, en poste de 2020 à 2023 à Castres, est passé en audience disciplinaire mardi à Paris devant le Conseil supérieur de la magistrature pour des faits de harcèlement sexuel sur sa secrétaire et d’autres subordonnées. La personne concernée n’est pas poursuivie pénalement mais elle risque une sanction de la part du garde des Sceaux, après avis du CSM. Elle garda le silence pendant un long moment en raison de son respect strict de la hiérarchie et de sa politesse, mais à un certain point, l’accumulation de situations gênantes rendit son malaise insupportable ! «En avez-vous conscience ? Le comprenez-vous ?» demanda Rémi Heitz.

L’intéressé répéta maladroitement : «Je ne nie pas son récit […] je ne conteste rien […] si elle l’a dit, c’est que c’est vrai et je regrette qu’elle ait souffert de mon attitude», mais il expliqua aussitôt qu’il n’avait pas de souvenirs précis de tout et qu’il n’avait pas remarqué l’embarras dans lequel elle avait pu se retrouver. «Que penser des invitations insistantes à dîner en tête-à-tête malgré ses refus répétés ?» poursuivit le président de la formation «parquet» du CSM. «C’était seulement pour la remercier de son travail, de ses attentions», répondit Chérif Chabbi.

L’ancien procureur de la République de Castres fut interrogé sur un SMS qu’il avait envoyé à sa collaboratrice, l’invitant à le rejoindre dans sa piscine alors qu’elle était au tribunal et lui en télétravail. Il finit par reconnaître un comportement «inadapté et inacceptable» dans une période de surmenage, où il n’était pas dans son état normal, «embarqué dans une spirale infernale».

«Je suis comme ça, j’ai été élevé comme ça», déclara Chérif Chabbi, ex-procureur de la République de Castres, lors de l’audience.

«Cela n’est pas approprié, mais j’ai toujours été tactile, élogieux, atypique. À Castres, j’ai voulu être proche des agents, masculins comme féminins. J’ai souhaité un management horizontal pour renouveler le dialogue social», argumenta Chérif Chabbi. Il sembla ainsi indiquer que son intention était d’atténuer les souffrances des fonctionnaires dans une petite juridiction manquant d’effectifs et surchargée de travail. Il révéla à l’audience que son quasi-burn-out de l’époque l’avait contraint à consulter et à prendre des anxiolytiques et des antidépresseurs pour faire face.

N’ayant jamais occupé de fonctions aussi élevées avant sa nomination à Castres, où il avait l’impression de pouvoir prendre sa revanche sur une enfance décrite comme «indigente» au sein d’une famille extrêmement défavorisée.

Au cours de l’enquête administrative menée par l’inspection générale de la Justice, plusieurs fonctionnaires du tribunal déclarèrent avoir été témoins des propos inappropriés du procureur envers sa collaboratrice, et trois autres greffières affirmèrent également avoir été la cible de ses remarques gênantes, blagues graveleuses et propos sexistes.

Lorsqu’il tenta de s’expliquer devant ses pairs, le magistrat avança : «J’ai toujours agi ainsi, et en vingt ans, aucun supérieur ne m’a jamais repris. J’ai même vu des procureurs se comporter de la même manière sans que cela pose problème», laissant entendre que son attitude n’était répréhensible que récemment en raison de l’évolution des normes sociales.

Elisabeth Guigou, première femme garde des Sceaux aujourd’hui membre du CSM, qui siégeait aux côtés de Rémi Heitz, prit la parole : «Et aujourd’hui, Monsieur, quel est votre regard sur les faits qui vous sont reprochés et avez-vous changé ?». Le mis en cause expliqua qu’avec du recul, il regrettait évidemment son comportement, qu’il aimerait revenir en arrière mais ne le peut pas, et qu’aujourd’hui il a complètement revu sa manière d’agir, gardant ses distances avec les autres, mais cela est aussi plus simple car il n’est plus «épuisé, surchargé de travail».

Un responsable des ressources humaines du ministère de la Justice, jouant le rôle de l’accusation, pointa du doigt chez Chérif Chabbi «un comportement sexiste et humiliant qui porte atteinte à l’image de l’institution judiciaire». Elle dénonça «des manquements sérieux aux obligations de dignité et de délicatesse qui incombent à un magistrat» et réclama une sanction exemplaire. Elle ne demanda pas une révocation mais une rétrogradation, entraînant notamment une baisse de revenus. Le Conseil supérieur de la magistrature a mis sa décision en délibéré au 29 avril. Il s’agit d’un avis sur lequel se basera le garde des Sceaux pour prononcer, ou non, une sanction à l’encontre du magistrat.

L’ancien procureur, en poste de 2020 à 2023 à Castres, est passé en audience disciplinaire mardi à Paris devant le Conseil supérieur de la magistrature pour des faits de harcèlement sexuel sur sa secrétaire et d’autres subordonnées. La personne concernée n’est pas poursuivie pénalement, mais elle risque une sanction de la part du garde des Sceaux, après avis du CSM. Elle est restée silencieuse pendant un long moment en raison de son sens aigu de la hiérarchie et de sa politesse, mais à un certain point, l’accumulation de situations gênantes a rendu son malaise insupportable», demande Rémi Heitz.

L’intéressé répète maladroitement : «Je ne nie pas son récit […] je ne conteste rien […] si elle l’a dit, c’est que c’est vrai et je regrette qu’elle ait souffert de mon attitude», mais il explique immédiatement qu’il n’a pas de souvenirs précis de tout et qu’il n’a pas remarqué l’embarras dans lequel elle pourrait se trouver. «Que pensez-vous des invitations insistantes à dîner en tête-à-tête malgré ses refus répétés ?», poursuit le président de la formation «parquet» du CSM. «C’était simplement pour la remercier de son travail, de ses attentions», répond Chérif Chabbi.

L’ex-procureur de la République de Castres est interrogé sur un SMS qu’il a envoyé à sa collaboratrice l’invitant à le rejoindre dans sa piscine alors qu’elle était au tribunal et lui en télétravail. Il finit par reconnaître un comportement «inadapté et inacceptable» dans une période de surmenage, où il n’était pas dans son état normal, «embarqué dans une spirale infernale».

«Je suis comme ça, j’ai été élevé comme ça.» Chérif Chabbi, ex-procureur de la République de Castres

«Ce n’est pas bien, mais j’ai toujours été tactile, laudatif, atypique. À Castres, j’ai voulu être proche des agents, masculins comme féminins. J’ai souhaité un management horizontal pour renouveler le dialogue social», argumente Chérif Chabbi. Son intention aurait été d’atténuer les souffrances des fonctionnaires dans une petite juridiction en manque d’effectifs et débordée de travail. Il révèle à l’audience que le quasi-burn-out qu’il a vécu à l’époque l’a obligé à consulter et à prendre des anxiolytiques et des antidépresseurs pour faire face.

Il n’avait jamais occupé de fonctions aussi élevées avant sa nomination à Castres, où il avait l’impression de pouvoir prendre sa revanche sur une enfance décrite comme «indigente», au sein d’une famille extrêmement défavorisée.

Lors de l’enquête administrative menée par l’inspection générale de la Justice, plusieurs fonctionnaires du tribunal ont rapporté avoir été témoins des propos inappropriés du procureur envers sa collaboratrice, et trois autres greffières ont également déclaré avoir été la cible de ses remarques gênantes, blagues graveleuses et propos sexistes.

Au moment de s’expliquer devant ses pairs, le magistrat tente : «J’ai toujours été comme ça, et en vingt ans, aucun supérieur ne m’a jamais repris. J’ai même vu des procureurs se comporter de la même manière sans que cela ne pose problème», laissant entendre qu’il a simplement été pris au piège par l’évolution des normes sociales et que, il y a peu de temps, son comportement n’était pas répréhensible.

Elisabeth Guigou, première femme garde des Sceaux et membre du CSM, qui siège aux côtés de Rémi Heitz, prend la parole : «Et aujourd’hui, Monsieur, quel regard portez-vous sur les faits qui vous sont reprochés et avez-vous changé ?». Le mis en cause explique qu’avec du recul, il regrette évidemment son comportement, qu’il aimerait revenir en arrière mais ne le peut pas, et qu’aujourd’hui il a complètement revu sa manière d’agir, prenant ses distances avec les autres, mais aussi plus simple car il n’est plus «épuisé, surchargé de travail».

Jouant le rôle de l’accusation, une responsable des ressources humaines du ministère de la Justice pointe du doigt chez Chérif Chabbi «un comportement sexiste et humiliant qui porte atteinte à l’image de l’institution judiciaire». Elle dénonce «des manquements sérieux aux obligations de dignité et de délicatesse qui incombent à un magistrat» et réclame une sanction exemplaire. Elle ne demande pas une révocation mais une rétrogradation, impliquant notamment une baisse de revenus. Le Conseil supérieur de la magistrature a mis sa décision en délibéré jusqu’au 29 avril. Il s’agira d’un avis sur lequel le garde des Sceaux se basera pour prononcer, ou non, une sanction à l’encontre du magistrat.

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