«Il finira à Rome», racontent les proches du cardinal Aveline avant l’élection du pape au conclave. «Il finira à Rome», racontent les proches du cardinal Aveline avant l’élection du pape au conclave. «He will end up in Rome,» Cardinal Aveline was told by his close ones before the papal election in the conclave. Avant l’élection du pape au conclave, les proches du cardinal Aveline racontaient qu’il finirait à Rome. Loué pour son intelligence supérieure et sa volonté de dialogue avec les décideurs locaux, le maire de Marseille saluait un homme d’Église qui avait consacré tout son ministère dans la même ville, une chose assez inédite pour être remarquée. Benoît Payan ne manquait pas de souligner les qualités humaines du cardinal Aveline, sa bonté naturelle et son humour dévastateur, le décrivant comme un personnage qui sortait du lot. Engagé dans le dialogue interreligieux, notamment avec l’Islam, Jean-Marc Aveline était également apprécié des responsables locaux d’autres cultes. Le grand rabbin de Marseille le trouvait très cordial, mais regrettait ses rares apparitions au sein du groupe d’échanges «Marseille Espérance». Appelé dans les instances du Vatican par le pape François, le cardinal marseillais séjournait au Saint-Siège deux fois par mois, devenant ainsi le cardinal français le plus connu là-bas selon un employé du Vatican interrogé par le Parisien.[embed]https://www.youtube.com/watch?v=RIA6pfNIemI[/embed]

Le conclave au Vatican débute ce mercredi et l’archevêque de Marseille compte parmi les dix premiers favoris pour l’élection du futur pape. Ses proches racontent la vie hors du commun de Jean-Marc Aveline, de l’exil d’Algérie jusqu’à la tête de l’Église française, en passant par une cité SNCF des quartiers nord.

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Considéré comme papabile parmi les cardinaux convoqués au Conclave du Vatican, Jean-Marc Aveline est connu pour sa discrétion. Mais s’il y a un sujet sur lequel le Cardinal de Marseille est intarissable, c’est… son lien à la cité phocéenne. Lui qui va présider la Conférence des évêques de France dès le 1er juillet est intensément marseillais, depuis six décennies. Ceux qui l’ont connu jeune, ceux qui le côtoient, témoignent tous d’un homme dont la foi et les convictions sont inspirées et nourries par sa ville.

«Marseille ? Une ville où tant de vies brisées échouent sans l’avoir choisie«. Quand il décrit sa ville, le Cardinal Aveline raconte avant tout son histoire familiale. Celle de pieds-noirs originaires d’Andalousie, installés dans une oasis au sud d’Oran, mais que les «événements» qui secouent l’Algérie vont déraciner vers une France métropolitaine inconnue alors qu’il n’a pas encore quatre ans. Écoutant les conseils du grand-père Aveline, le père de Jean-Marc, menuisier ébéniste, se fait embaucher à la Compagnie des Chemins de fer «parce qu’en temps troublés, c’est plus sûr«. Bien lui en a pris. Dans l’homélie – hommage à son père décédé en 2024, Le cardinal de Marseille relate un «triste 7 novembre 1962, quand du jour ou lendemain, il a fallu tout laisser et partir vers l’inconnu«.

Il a fallu tout laisser derrière nous, en une journée.

Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille

La famille Aveline habitait dans l’oasis de Colomb-Béchar, avant de devoir fuir l’Algérie en 1962

© capture facebook Algérie pays du soleil et de beauté

Quand les balles perdues font éclater les vitres du petit HLM de Colom-Béchar en 1962, contraignant toute la famille à vivre dans le couloir de l’immeuble, Jean-Marc, ses parents et ses oncles et tante n’ont plus d’autre choix que de fuir. «Comme de nombreux autres avant nous» se remémore le Cardinal Aveline dans les colonnes de la Provence.

Au moment d’embarquer sur «Le Phocéen» pour la grande traversée vers le nord, l’enfant s’accroche à une petite valise en bois que son oncle lui a taillé pour l’occasion quelques jours plus tôt. Un symbole de cette nouvelle migration forcée, encore une. Après que leurs ancêtres ouvriers andalous se soient exilés à Oran à la fin du XIXe siècle à la recherche de travail, Jean-Marc Aveline témoigne : «Je comprends qu’il me l’a offerte pour que j’amène quelque chose, moi aussi, de cette vie-là.»

Dès son arrivée à Marseille, le jeune Jean-Marc Aveline est marqué par la gare Saint-Charles. Il quitte rapidement la ville pour Paris, où la famille vit dans des conditions précaires. Après quelques mois à Colombes, le père de Jean-Marc demande une mutation, et c’est ainsi que la famille se retrouve à Marseille, dans le quartier de la cité SNCF.

C’est dans cette cité que la vie du futur archevêque de Marseille prend forme. Il évoque plus tard la grâce de Marseille, sa diversité et son énergie. Son adolescence est marquée par un environnement riche en migrations et en diversité culturelle, ce qui influencera ses convictions futures sur l’enrichissement que peuvent apporter les migrations.

Élève brillant, Jean-Marc Aveline poursuit ses études à Marseille, puis intègre une classe préparatoire au lycée Thiers. Malgré une voie toute tracée vers une carrière scientifique, son chemin prend une autre direction sous l’influence du curé du quartier, Jean Arnaud, qui lui enseigne l’amour et la miséricorde au sein de l’Église. Many years later, having become vicar general of Marseille, he dedicated a book to him: «Jean Arnaud, a neighborhood theologian.»

Jean-Marc Aveline is already 20 years old. After his year of advanced mathematics, he takes exams, preparing to enter his third year. «But before that, I had to come to terms with a little song,» he explains. «The song that often reminded me of my faith, since I was eight or nine years old.»

The idea of becoming a priest had never been imposed. But it had never left him. The time had come to make a decision. To clarify his clerical aspirations, young Aveline undertakes a week-long retreat at a monastery in Sainte Baume, in Saint-Maximin. The Sunday guitarist discovers silence there. And his vocation.

It will therefore be religion. Something to make his father and mother proud, both committed Catholics. Jean-Marc Aveline goes through years of training at the interdiocesan seminaries of Avignon and then at the Carmes in Paris. At the Catholic Institute of Paris. While pursuing parallel studies in philosophy at the Sorbonne. On November 3, 1984, he is ordained a priest in Marseille. It is Jean Arnaud who passes him the stole and the chasuble.

Vicar episcopal in 1996, vicar general in 2007, bishop in 2013, archbishop in 2019, cardinal in 2022, president of the bishops’ conference in 2025… Year after year, with his legendary joviality, the child from Algeria has managed to make a place for himself and establish his mark in the shadow of the Bonne Mère. Drawing on the vibrancy of a city like Marseille that continues to address its priorities: migration, interreligious encounters, and openness to the Mediterranean. Until persuading the progressive Pope Francis to make a visit in 2023, Cardinal Aveline has been praised by many for his «superior intelligence.» The mayor of the city, Benoît Payan, describes him as a Churchman who has spent his entire ministry in the same city, which is quite remarkable. In Provence, the mayor acknowledges, «It says a lot about his relationship with Marseille and the people of Marseille.»

Benoît Payan never misses an opportunity to highlight Cardinal Aveline’s human qualities, his «natural kindness,» and his «devastating humor.» He is a character who «stands out from the crowd.»

Heavily involved in interreligious dialogue, especially with Islam, Jean-Marc Aveline is appreciated by local leaders of other faiths. For example, Rav Reuven Ohana, the Chief Rabbi of Marseille, describes him as a «very cordial man,» although he regrets his infrequent attendance at the «Marseille Espérance» exchange group: «We have rarely seen him in person.» Called to the Vatican by Pope Francis, the Marseille Cardinal visits the Holy See twice a month. «He has become the most well-known French cardinal here!» acknowledges a Vatican employee interviewed by Le Parisien.

And his future role as president of the Conference of Bishops of France from next July should not bring him closer to the city of Marseille.

Cardinal Jean-Marc Aveline leaving a mass in Marseille, surrounded by a crowd of faithful – April 2025

© Claire Pain – France Télévisions

«A simple man,» «a man of heart,» «a very beautiful person» who «knows how to take the time to listen»: in Provence, Cardinal Aveline seems to have unanimous support among Catholic faithful. And all express pride in his potential election as pope. Even in the village of Ceyreste, where a cousin of Jean-Marc Aveline reveals to Provence: «My grandmother always said: He will end up in Rome!»

My grandmother always said: ‘He will end up in Rome!’.

Ghislaine, cousin of Cardinal Aveline

in Provence

Father Olivier Passelac, one of his close friends in Marseille, confesses: «We don’t know, but we are preparing for it. In any case, he is ready«. What those close to him remain convinced of is «that he will not change«.

With AFP

The conclave at the Vatican begins this Wednesday and the Archbishop of Marseille is among the top ten favorites for the election of the future pope. His close associates recount the extraordinary life of Jean-Marc Aveline, from exile in Algeria to the head of the French Church, passing through a SNCF cité in the northern districts.

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Considered papabile among the cardinals summoned to the Vatican Conclave, Jean-Marc Aveline is known for his discretion. But if there is one subject on which Cardinal Aveline of Marseille is talkative, it is… his connection to the city of Marseille. As he is set to preside over the Conference of Bishops of France from July 1, he has been intensely connected to Marseille for six decades. Those who knew him when he was young, those who are close to him, all testify to a man whose faith and convictions are inspired and nourished by his city.

«Marseille? A city where so many broken lives end up without having chosen it«. When he describes his city, Cardinal Aveline primarily tells the story of his family. The story of pieds-noirs from Andalusia, settled in an oasis south of Oran, but upheavals in Algeria that uprooted them to an unknown metropolitan France when he was not yet four years old. En suivant les conseils de son grand-père Aveline, le père de Jean-Marc, un menuisier ébéniste, décide de se faire embaucher à la Compagnie des Chemins de fer «parce qu’en temps troublés, c’est plus sûr». Cette décision s’avère judicieuse. Lors de l’homélie en hommage à son père décédé en 2024, le cardinal de Marseille évoque le «triste 7 novembre 1962, quand du jour au lendemain, il a fallu tout laisser et partir vers l’inconnu».

«Nous avons dû tout abandonner en une journée», se souvient Jean-Marc Aveline, l’archevêque de Marseille. Lorsque les balles perdues ont commencé à briser les fenêtres du petit HLM de Colom-Béchar en 1962, la famille a été contrainte de vivre dans le couloir de l’immeuble. Comme beaucoup d’autres avant eux, ils ont dû fuir.

Alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer sur «Le Phocéen» pour une traversée vers le nord, l’enfant s’est accroché à une petite valise en bois que son oncle lui avait fabriquée spécialement. C’était un symbole de cette nouvelle migration forcée, après celle de leurs ancêtres andalous qui s’étaient exilés à Oran à la fin du XIXe siècle en quête de travail. «Je comprends qu’il me l’ait offerte pour que j’apporte aussi quelque chose, moi aussi, de cette vie-là», témoigne Jean-Marc Aveline.

Une fois débarqué du bateau, le premier souvenir du futur archevêque de Marseille sera la gare Saint-Charles. La nuit même, il quitte Marseille pour Paris. La route de l’exil les dépose sur les quais de la Gare de Lyon, où personne ne les attend. Ainsi commence une vie précaire, avec des jours passés à chercher un endroit chauffé. Jean-Marc Aveline découvre «ce soleil qui ne se lève jamais et ce froid qui fouette les mollets».

Après quelques mois dans un petit baraquement à Colombes, la famille doit à nouveau déménager. Le père de Jean-Marc, employé à la SNCF, demande une mutation pour Marseille. L’air y était plus pur, et c’est là que le jeune Jean-Marc posera sa valise en bois à l’âge de cinq ans.

Installés dans le quartier de la cité SNCF à Marseille, dans le nord de la ville, la famille intègre un appartement dans la cité de Saint-Barthélemy réservée aux employés de la SNCF. C’est là que se déroulera la majeure partie de la vie du futur cardinal. Le cardinal Aveline témoignera plus tard : «C’est la grâce de Marseille, de son soleil, de son sourire, de son énergie, de son accent, de savoir redonner une espérance, une nouvelle chance, un nouveau départ, à ceux que la vie a malmenés».

Jean-Marc Aveline raconte une adolescence «heureuse» à Marseille, où il côtoie «le peuple de Marseille et son étonnante diversité». La cité de Saint-Barthélémy est un creuset de mixité et de diversité, ce qui influencera les convictions futures du prélat en faveur d’une «Méditerranée heureuse» où les migrations sont perçues comme une richesse.

Inscrit dans des établissements scolaires publics marseillais, Jean-Marc Aveline se révèle être un brillant élève au collège puis au lycée Victor-Hugo. Ayant obtenu son bac C (scientifique), le futur homme d’Église intègre naturellement les classes préparatoires maths sup – maths spé au prestigieux lycée Thiers de la ville, qui avait accueilli autrefois Marcel Pagnol et Edmond Rostand.

Pour le fils de cheminot, la voie vers une carrière scientifique est toute tracée. Cependant, l’influence du curé du quartier, Jean Arnaud, joue un rôle déterminant. Adolescent, Jean-Marc Aveline est captivé par les enseignements de ce prêtre-ouvrier qui a soutenu des résistants communistes pendant la guerre. À ses côtés, l’adolescent découvre la musique et les balades dans les Calanques sous la pleine lune avec ses proches. Poète et mystique, le «curé sans frontières» de la paroisse de Saint Gabriel lui enseigne à aimer une Église tolérante, où la miséricorde prime sur le jugement. Des années plus tard, devenu vicaire général de Marseille, Jean-Marc Aveline lui dédiera un livre : «Jean Arnaud, un théologien de quartier».

À l’âge de 20 ans, après sa année de math spé, il se prépare à passer les concours pour entrer en troisième année. Avant cela, il doit composer avec une chanson qui l’accompagne depuis son enfance et éclaircit ses aspirations cléricales. Pour ce faire, il entreprend une retraite d’une semaine dans un monastère à Saint-Maximin, où le guitariste du dimanche découvre le pouvoir du silence. And the calling.

This will be religion. Something to make both father and mother proud, both devout Catholics. Jean-Marc Aveline went through years of training at the interdiocesan seminaries in Avignon and then at the Carmes in Paris. At the Catholic Institute of Paris. While also pursuing philosophy studies at the Sorbonne. On November 3, 1984, he was ordained a priest in Marseille. It was Jean Arnaud who handed him the stole and the chasuble.

«Marseille is more than a city: it’s a message!» – Jean-Marc Aveline, Archbishop of Marseille

As vicar episcopal in 1996, vicar general in 2007, bishop in 2013, archbishop in 2019, cardinal in 2022, president of the bishops’ conference in 2025… Year after year, with his legendary joviality, the child of Algeria has managed to make a place for himself and leave his mark in the shadow of the Bonne Mère. Building on the vibrancy of a city like Marseille that continues to address its priorities: migration, interreligious encounters, and openness to the Mediterranean. To the point of convincing the progressive Pope Francis to visit in 2023.

Praised by many for his «superior intelligence,» Cardinal Aveline is recognized for his willingness to engage in dialogue with local decision-makers. The mayor (DVG) of the city hails him as a man of the Church who has carried out his entire ministry in the same city, «quite a unique thing to be noticed.» Dans la région de Provence, le maire reconnaît : «Cela en dit long sur sa relation avec Marseille et les Marseillais«.

Benoît Payan ne manque jamais une occasion de souligner les qualités humaines du Cardinal Aveline, sa «bonté naturelle» et son «humour dévastateur«. «Un personnage qui «sort du lot«.

Fortement impliqué dans le dialogue interreligieux, notamment avec l’Islam, Jean-Marc Aveline est apprécié des responsables locaux des autres cultes. «C’est un homme très cordial«, juge par exemple Rav Reuven Ohana, le grand rabbin de Marseille. Qui regrette néanmoins ses absences au sein du groupe d’échanges «Marseille Espérance» : «On ne l’a vu que rarement en personne«. Appelé dans les instances du Vatican par le pape François, le cardinal marseillais séjourne au Saint-Siège deux fois par mois. «Il est devenu le cardinal français le plus connu ici !» reconnaît un employé du Vatican interrogé par le Parisien. Et sa future fonction de président de la Conférence des évêques de France dès juillet prochain ne devrait pas le rapprocher de la cité phocéenne.

«Un homme simple», «un homme de cœur», «une très belle personne» qui «sait prendre le temps d’écouter» : en Provence, le cardinal Aveline semble faire l’unanimité après des fidèles catholiques. Et tous disent la fierté qu’ils auraient de son élection comme pape. Jusque dans le bourg de Ceyreste, où une cousine de Jean-Marc Aveline révèle à la Provence : «Ma grand-mère a toujours dit : Il finira à Rome !«.

Le père Olivier Passelac, un de ses proches à Marseille confie : «On ne sait pas, mais on s’y prépare. En tout cas, il est prêt«. Ce dont le cercle des intimes reste convaincu, c’est «qu’il ne changera pas«.

Avec AFP.

Le conclave au Vatican débute ce mercredi et l’archevêque de Marseille compte parmi les dix premiers favoris pour l’élection du futur pape. La vie hors du commun de Jean-Marc Aveline, depuis son exil d’Algérie jusqu’à la tête de l’Église française, est racontée par ses proches, y compris son passage par une cité SNCF des quartiers nord.

Les proches de Jean-Marc Aveline décrivent un homme discret mais profondément attaché à Marseille, ville où il a vécu de nombreuses décennies. Issu d’une famille pied-noire originaire d’Andalousie, il a été contraint de quitter l’Algérie en bas âge à cause des événements politiques. Son père, menuisier ébéniste, a trouvé refuge à Marseille en travaillant pour la SNCF.

Le Cardinal Aveline, futur président de la Conférence des évêques de France, évoque avec émotion les moments difficiles de son exil et sa migration vers le nord de la France. Son lien profond avec Marseille et son histoire familiale ont forgé sa foi et ses convictions. Jean-Marc Aveline témoigne : «Je comprends qu’il me l’a offerte pour que j’amène quelque chose, moi aussi, de cette vie-là.»

À peine débarqué du bateau, le premier souvenir du futur archevêque de Marseille sera la gare Saint-Charles.
Enfant, la gare Saint-Charles est mon premier souvenir sur la route de l’exil.
– Cardinal Jean-Yves Aveline

La nuit même, il quitte Marseille quelque temps pour Paris. La route de l’exil dépose la famille sur les quais de la Gare de Lyon, là où personne ne les attend. Et où commence une vie précaire. Jean-Marc Aveline a gardé la mémoire de ces hôtels, différents chaque jour, tous plus lugubres que le précédent. Et les journées passées à la recherche d’un lieu chauffé. Le futur homme d’Église découvre «ce soleil qui ne se lève jamais et ce froid qui fouette les mollets».

Durant quelques mois, la famille réussit à poser ses affaires quelque part dans un petit baraquement de Colombes dans l’Est parisien. Un répit de courte durée. Sur les deux petites sœurs qui naissent, l’une ne fêtera pas son premier anniversaire ; et les deux autres enfants contractent une méningite. Le père de Jean-Marc Aveline qui a trouvé un emploi à la SNCF décide de demander une mutation «pour n’importe où. Et n’importe où, ce fut Marseille» relate Jean-Marc. L’air y était plus pur. Du haut de ses cinq ans, c’est là qu’il va poser sa valise en bois.

On est partis pour n’importe où. Et n’importe où, ce fut Marseille.
– Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille

La famille Aveline habitait le quartier de la cité SNCF à Marseille, dans le nord de la ville.

Direction Marseille donc. La famille intègre un appartement dans la cité de Saint-Barthélemy construite pour les agents SNCF, dans les quartiers populaires. C’est là que toute la vie ou presque du futur cardinal s’écrira. Le terreau fertile d’une nouvelle vie, comme en témoignera bien plus tard le cardinal Aveline: «C’est la grâce de Marseille, de son soleil, de son sourire, de son énergie, de son accent, de savoir redonner une espérance, une nouvelle chance, un nouveau départ, à ceux que la vie a malmenés».

L’enfant d’Algérie fait le récit d’une adolescence «ma foi, heureuse». Dans la cité, il côtoie «le peuple de Marseille et son étonnante diversité» : de nombreux autres migrants «nouveaux» marseillais, des pieds-noirs comme lui, des immigrés arrivés du Maghreb pour fuir la misère et répondre aux besoins de main d’œuvre de la ville. Le creuset de Saint-Barthélémy n’est certainement pas étranger aux futures convictions d’un prélat défenseur d’une «Méditerranée heureuse» où les migrations sont d’abord un enrichissement.

Les migrations sont d’abord un enrichissement.
– Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille

Le jeune Jean-Marc est inscrit dans des établissements publics marseillais, au collège puis au lycée Victor-Hugo, où il se révèle être un élève brillant. Le bac C (scientifique) en poche, le futur homme d’Eglise entre alors naturellement en «classe prépa maths sup – maths spé» au prestigieux lycée Thiers de la ville, le même qui avait accueilli en leur temps Marcel Pagnol et Edmond Rostand.

Pour le fils de cheminot s’ouvre donc une voie toute tracée vers la carrière scientifique. Mais c’était compter sans l’influence du curé du quartier, Jean Arnaud. Adolescent, Jean-Marc Aveline boit les paroles de ce prêtre-ouvrier qui a jadis soutenu des résistants communistes en déportation. À ses côtés, l’adolescent prend plaisir à jouer de la guitare et marcher dans le massif des Calanques durant les soirées de pleine lune avec ses proches. Tout à la fois poète et mystique, le «curé sans frontières» de la paroisse de Saint Gabriel lui apprend à aimer «une Église légère, où la miséricorde l’emporte sur le jugement».

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