Mercredi 30 avril, une trentaine de familles d’adolescents placés ont porté plainte contre trois présidents de départements en France, dont les Bouches-du-Rhône. Ils accusent les élus de ne pas avoir protégé leurs enfants contre les réseaux de proxénètes qui les ont entraînés dans la prostitution. À Marseille, Jennifer Abitbol, éducatrice au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse, témoigne de la réalité sordide des adolescentes placées, confrontées à la prostitution. Malgré ses alertes et ses tentatives pour dénoncer le système, elle se heurte à des réponses insuffisantes face aux proxénètes. Dans les Bouches-du-Rhône, l’Essonne et les Yvelines, des parents et des enfants victimes ont décidé de briser le silence en déposant une plainte contre les présidents des trois départements pour ne pas avoir protégé les enfants placés sous leur responsabilité. Une des plaignantes, «Lilas», raconte le calvaire de sa fille aînée, placée en foyer à la suite de violences conjugales. À l’âge de 13 ans, sa fille est entraînée dans un réseau de prostitution, subissant des violences et des pressions. Après une alerte de détresse, la fille est secourue et placée en foyer d’accueil d’urgence pour se reconstruire. La prostitution des enfants placés est un problème grave dans trois départements, dont les Bouches-du-Rhône, où des plaintes ont été déposées. «Ma fille se fait du mal, elle préfère être seule et elle est déscolarisée, elle fait des crises de stress, c’est très dur», se désole Lilas. Maître Michel Amas, avocat au Barreau de Marseille, défend une trentaine d’enfants et plaide devant les tribunaux de Marseille, Versailles et Evry. Il dénonce un «phénomène national». «Nous lançons l’alerte pour que tout le monde sache qu’en France, à l’heure actuelle, des petits garçons et des petites filles se prostituent en très grand nombre, dans l’inaction totale des présidents de département», affirme-t-il. Selon Maître Amas, «L’Etat a échoué dans la protection de l’enfance». L’association «l’Amicale du Nid» accueille et accompagne les victimes des réseaux de prostitution, dont les mineurs, dans plusieurs villes françaises. Elle dispose désormais d’un service dédié à la lutte contre la prostitution des mineurs. Les membres de l’association parcourent les réseaux sociaux pour identifier les adolescents victimes, qui sont souvent recrutés au moment de leur placement en foyer. Les proxénètes, aujourd’hui liés au narcotrafic, exploitent ces jeunes mineurs comme des marchandises. La prostitution des mineurs placés n’est pas officiellement enregistrée, mais les associations constatent une augmentation du phénomène. Pour signaler des cas de prostitution des mineurs, une plateforme nationale d’écoute téléphonique est disponible, ainsi qu’une Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes dans les Bouches-du-Rhône.

On Wednesday, April 30, about thirty families of placed adolescents filed a complaint against three department presidents in France, including Bouches-du-Rhône. They accuse the elected officials of not protecting their children from falling into prostitution networks.

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«In Marseille, there is not a single shelter where I haven’t set foot, where there is no prostitution.» The statement is clear. Speaking to France Info, Jennifer Abitbol describes the sordid daily life of placed adolescents, which she encounters as an educator within the Youth Judicial Protection system.

At 10 pm, they come out wearing strings, and the clients’ cars parade by.

Jennifer Abitbol, specialized educator – Youth Judicial Protection

France Info

As a privileged witness to this reality experienced in shelters that accommodate placed children, the educator from Bouches-du-Rhône recounts: «From 10 pm onwards, the girls get ready, some even go out in strings. It’s filmed, there are cars parading with their license plates.» During her missions within these facilities managed by the departmental Child Welfare Services (ASE), this whistleblower tried to sound the alarm, to denounce the system. In vain. «I’m told that we can’t hold the girls back.» Faced with pimps who take them under their wing, the fight is too unequal.

Complaint from families

In Bouches-du-Rhône, Essonne, and Yvelines, parents and child victims have decided to break the silence and fight back. On Wednesday, April 30, they filed a lawsuit against the presidents of the three departments for «negligence in responsibility,» accusing them of failing to protect the children under their care.

Martine Vassal, president of the departmental council of Bouches-du-Rhône where parents and placed child victims announce the filing of a complaint against the president.

© BORIS HORVAT / AFP

In Bouches-du-Rhône, «Lilas» [pseudonym] is one of the complainants. A victim of domestic violence, this young mother filed a complaint against her husband in 2018, but social services decided to place her two daughters, aged 8 and 10, in a shelter. She tells France Info about the eldest daughter’s descent into hell, her escapades. The prostitution network that entangles her when she is 13 years old. And the WhatsApp message in October 2022:

She was made to take cocaine, forced to engage in sexual acts.

[Lilas], mother of a placed child

France Info

«Mom, I’m in danger, don’t call me or they will hit me.» Lilas’s daughter is being held captive in an Airbnb in Toulon by pimps.«She was forced to take cocaine, to engage in sexual acts». The mother manages to alert the police, her daughter is placed in an emergency foster care home. It will take her time to heal a life already battered. Lilas se lamente : «Ma fille se fait du mal, elle préfère être seule et elle est déscolarisée, elle fait des crises de stress, c’est très dur

Maître Michel Amas, avocat au Barreau de Marseille, défend une trentaine d’enfants devant les tribunaux de Marseille, Versailles et Evry. Il dénonce un «phénomène national«. «Nous lançons l’alerte pour que tout le monde sache qu’en France, à l’heure actuelle, des petits garçons et des petites filles se prostituent en très grand nombre, dans l’inaction totale des présidents de département,» affirme cet avocat.

«L’Etat a échoué dans la protection de l’enfance,» déclare Maître Michel Amas, avocat de familles, cité par France Info.

À Marseille, Lyon, Paris et dans quelques autres établissements français, l’association «l’Amicale du Nid» accueille et accompagne les victimes des réseaux de prostitution depuis près de 80 ans. Elle dispose désormais d’un service dédié à la lutte contre la prostitution des mineurs.

Les membres de l’Amicale du Nid parcourent les réseaux sociaux pour identifier les adolescents victimes, les signaler aux autorités et les guider dans une action en justice. Philippe Andrès, directeur de l’antenne héraultaise de l’association, explique que les mineurs pris dans les filets des proxénètes ont souvent un profil similaire, victimes de violences intrafamiliales ou sexuelles.

Il n’y a pas de chiffre officiel sur la prostitution des mineurs, mais les associations constatent une augmentation du phénomène touchant des jeunes filles de plus en plus jeunes. Aziz Essadek, docteur en psychologie, estime qu’environ 15 000 mineurs hébergés dans les centres de l’Aide Sociale à l’Enfance pourraient se prostituer à l’échelle nationale.

Une plateforme nationale d’écoute téléphonique, avec un service dédié à la prostitution des mineurs, est disponible pour les victimes, leurs proches et les témoins. The number is toll-free and reachable 24/7. In Bouches-du-Rhône, you can also contact the Departmental Cell for the collection of worrying information by dialing 04 13 31 13 31. En octobre 2022, un message Whatsapp alarmant est envoyé par [Lilas], la mère d’une enfant placée : «Maman je suis en danger, ne m’appelle pas ou ils vont me frapper». Sa fille est séquestrée dans un Airbnb à Toulon par des proxénètes, forcée à prendre de la cocaïne et à faire des passes. Grâce à l’intervention de la mère, la police intervient et la fille est placée dans un foyer d’accueil d’urgence pour commencer un long processus de guérison.

Maître Michel Amas, avocat de familles à Marseille, dénonce l’échec de l’État dans la protection de l’enfance, soulignant le manque de réaction et d’organisation face à ce problème. Il affirme que des enfants sont livrés aux réseaux de prostitution en France en toute impunité.

L’association «l’Amicale du Nid» lutte depuis près de 80 ans contre la prostitution en France, avec un nouveau service dédié à la lutte contre la prostitution des mineurs. Elle utilise une «maraude numérique» pour identifier et aider les adolescents victimes de ces réseaux.

Les proxénètes ont évolué et sont désormais liés au narcotrafic, vendant des jeunes filles comme des stupéfiants. Ce marché lucratif peut rapporter jusqu’à 15 000 euros par mois par mineure. Bien que les statistiques officielles manquent, les associations constatent une augmentation alarmante de la prostitution des mineurs, touchant principalement des jeunes filles de plus en plus jeunes. En projetant ces données à l’échelle nationale, on estime que 15 000 mineurs hébergés dans les centres de l’Aide Sociale à l’Enfance pourraient être contraints à la prostitution.

Si vous êtes victime, parent ou proche d’une victime, ou témoin, les autorités ont mis en place une plateforme nationale d’écoute téléphonique, avec un service spécifique pour la prostitution des mineurs. Le numéro est gratuit et disponible 24h/24, 7j/7. Dans les Bouches-du-Rhône, vous pouvez également contacter la Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes en composant le 04 13 31 13 31.

Ce mercredi 30 avril, une trentaine de familles d’adolescents placés ont déposé plainte contre trois présidents de départements en France, dont les Bouches-du-Rhône. Ils accusent les élus de ne pas avoir protégé leurs enfants contre les réseaux de proxénètes qui les ont entraînés dans la prostitution.

Jennifer Abitbol, éducatrice au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse, témoigne de la situation alarmante des adolescentes placées à Marseille : «À Marseille il n’y a pas un foyer où je n’ai pas mis les pieds, où il n’y a pas de prostitution». Elle décrit le triste quotidien de ces jeunes filles qui se préparent dès 22 heures pour sortir et attirer les clients. Malgré ses tentatives pour alerter les autorités, elle se heurte à des obstacles insurmontables.

Des familles dans les Bouches-du-Rhône, dans l’Essonne et dans les Yvelines ont décidé de briser le silence et de se battre contre ce fléau. Le mercredi 30 avril, un recours en justice a été déposé contre les présidents des trois départements pour «faute en responsabilité», les accusant de ne pas avoir protégé les enfants placés sous leur garde.

Dans les Bouches-du-Rhône, une plaignante nommée «Lilas» a déposé plainte contre son mari en 2018 après avoir été victime de violences conjugales. Cependant, les services sociaux ont décidé de placer ses deux filles de 8 et 10 ans dans un foyer. Sa fille aînée a vécu un véritable calvaire, avec des fugues et une implication dans un réseau de prostitution dès l’âge de 13 ans. Son témoignage bouleversant révèle la gravité de la situation.

L’avocat Maître Michel Amas, basé à Marseille, représente une trentaine d’enfants dans cette affaire et dénonce un problème national de prostitution des enfants, pointant du doigt l’inaction des présidents de département. Il souligne le manque de réaction et d’organisation de la part de l’État dans la protection de l’enfance.

L’association «l’Amicale du Nid», qui lutte contre la prostitution depuis près de 80 ans, a mis en place un service dédié à la lutte contre la prostitution des mineurs. Les membres de l’association parcourent les réseaux sociaux pour identifier les adolescents victimes et les aider à se confier aux autorités pour engager des actions en justice.

Philippe Andrès, directeur de l’antenne héraultaise de l’association, explique que les mineurs pris dans les filets des proxénètes ont souvent un passé de violences intrafamiliales ou sexuelles, et sont recrutés au moment de leur placement en foyer. Les proxénètes sont désormais liés au narcotrafic, changeant ainsi la dynamique de ce réseau criminel.

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