Rencontre avec les magistrats de la juridiction spécialisée qui enquêtent sur la Côte d’Azur La JIRS, pour juridiction interrégionale spécialisée, enquête sur les affaires particulièrement complexes en lien avec la criminalité organisée et la délinquance financière. Ces magistrats prennent alors le relai des Parquets locaux dans les enquêtes préliminaires. Entretien exclusif avec les procureurs en charge de cette juridiction à Marseille. Ces quatre lettres ont fait leur apparition dernièrement dans l’actualité de la Côte d’Azur : la JIRS, pour juridiction interrégionale spécialisée. Créées en 2004, il en existe huit en France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Bordeaux, Nancy et Fort-de-France). Leurs magistrats mènent des enquêtes à la place des parquets locaux quand l’affaire devient trop complexe ou dépasse le ressort de la juridiction. Sur la Côte d’Azur, plusieurs affaires sont désormais entre les mains de la JIRS de Marseille : Rencontre avec le procureur de la République de Marseille et ses deux adjoints, en charge de l’une des JIRS les plus importantes de France. Derrière la façade vitrée du tribunal judiciaire de Marseille, sous l’autorité du Procureur de la République Nicolas Bessone, Isabelle Fort enquête sur la criminalité organisée (trafic de stupéfiants, extorsion, proxénétisme aggravé…), Jean-Yves Lourgouilloux s’occupe de la délinquance économique et financière (abus de biens sociaux, blanchiment, corruption, détournement de fonds publics…). «Si le phénomène criminel concerne plusieurs départements, un tribunal local peut certes se saisir des faits, mais l’intérêt de la JIRS, c’est d’avoir une compétence interrégionale et de concentrer les dossiers qui impactent plusieurs territoires.» – Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille à France 3 Côte d’Azur. Est aussi pris en compte «le caractère structuré et hiérarchisé de l’organisation criminelle, avec des faits d’une certaine ampleur», complète Isabelle Fort. La JIRS de Marseille enquête sur un vaste territoire, allant de Perpignan (frontière espagnole) jusqu’à Menton (frontière italienne), en passant par la Corse. Au total, elle couvre les ressorts des cours d’appel d’Aix-en-Provence, de Bastia, de Montpellier et de Nîmes, soit quatorze départements et une population de près de 8,8 millions d’habitants. Géographiquement, la Côte d’Azur est un lieu où il y a pas mal de richesses, donc pas mal de tentations. Rencontre avec les magistrats de la juridiction spécialisée qui enquêtent sur la Côte d’Azur Aux côtés du banditisme corse et de la mafia marseillaise, la Côte d’Azur reste donc une zone à surveiller. Sous les ordres des deux procureurs adjoints, Isabelle Fort et Jean-Yves Lourgouilloux, dix magistrats et de nombreux enquêteurs chevronnés. «Ce sont des assistants spécialisés des finances publiques, des policiers qui jouent le rôle d’analystes criminels, des personnes chargées de gérer à l’international…», détaille Nicolas Bessone. «Chaque magistrat a aussi un territoire ou une thématique (armes, stupéfiants, proxénétisme…) sur lequel il est référent», complète Isabelle Fort. Ces magistrats spécialisés prennent la main sur les enquêtes quand ces dernières ont une dimension nationale ou transnationale, beaucoup de victimes, des préjudices importants ou impliquent une pluralité d’auteurs et de complices, des bandes structurées et hiérarchisées ou une organisation criminelle financièrement puissante. La JIRS s’occupe alors entièrement de l’affaire : enquête, instruction, poursuites et jugement. «Il y a toujours un dialogue qui s’instaure avec la juridiction territorialement compétente», tient à préciser Jean-Yves Lourgouilloux. «On refuse souvent des saisines parce qu’on a une capacité de traitement qui est limitée. Quand on prend un dossier, il faut qu’on puisse apporter une plus-value.» En matière de crime organisé, en 2024, la JIRS s’est saisie de huit affaires sur la Côte d’Azur (sept dans le Var et une dans les Alpes-Maritimes). Parmi les infractions qui mobilisent de nombreux moyens humains : le trafic de stupéfiants. «On est submergé par la cocaïne. Aujourd’hui, il n’y a pas un dossier sans saisie conséquence de cocaïne», pose Isabelle Fort. En 2024, plus de trois tonnes de stupéfiants ont été saisis par les douaniers maralpins, dont 192 kg de cocaïne, un record. «Le trafic de stupéfiants est plus visible aujourd’hui du fait de son hyperviolence et du recrutement massif de très jeunes sur les réseaux sociaux», continue Isabelle Fort. Le trafic de stupéfiants génère une masse financière colossale qui a des répercussions sur le blanchiment. L’argent rentre alors dans l’économie légale et peut entraîner de la corruption. C’est en ce sens qu’il ne faut rien lâcher et qu’il faut être partout sur tout le territoire. Face à ce narcotrafic qui se déplace désormais jusque chez les clients, avec la livraison à domicile («Ubershit»), les enquêteurs ont dû s’adapter et revoir leurs méthodes de travail. «Ce ne sont pas les mêmes investigations, pas les mêmes techniques d’enquête», confirme Isabelle Fort, «mais nos dernières interpellations montrent qu’on est aussi efficaces sur les points de vente éphémères ou les narcolivraisons.» Les enquêtes préliminaires de la JIRS sont ouvertes à la suite d’une flagrance, d’un renseignement fourni par un particulier ou un élu ou encore à la suite d’un rapport établi par une institution. Ces enquêtes, sensibles, prennent du temps : «un an pour les dossiers les plus simples à plusieurs longues années», précise Isabelle Fort. «Les affaires politico-financières deviennent compliquées à partir du moment où il y a des enjeux (emprisonnement, privation de droits, inéligibilité…)», reconnaît Jean-Yves Lourgouilloux. «On retrouve la difficulté d’obtenir des témoignages, le risque de pression sur les témoins, les victimes ou les auteurs, une sorte de loi du silence. Mais nous avons des capacités d’investigations, notamment numériques, qui permettent d’obtenir des éléments de preuve matérielle.» Celui qui est en charge de la délinquance économique et financière poursuit : «on ne peut pas se permettre de mener notre action au gré du calendrier électoral, car on sort d’une élection pour aller vers une autre.» En enquêtant sur ces affaires sensibles, les magistrats spécialisés reçoivent-ils des menaces ? «Depuis quelques temps, il y a des actes d’intimidations, que ce soit sur l’administration pénitentiaire, les services de police et de gendarmerie ou les magistrats», avance Isabelle Fort, sans en dire davantage. Je n’ai jamais reçu de pression de quelque nature que ce soit. Et d’ailleurs, ça serait contre-productif : ça me renforcerait dans l’idée que, si on fait pression sur moi pour aller dans un sens, c’est que j’ai raison d’aller dans l’autre sens. Autre argument avancé par les deux procureurs adjoints : «il n’y a pas de personnalisation des enquêtes : la procédure est traitée en équipe». Autrement dit, faire pression sur une personne serait vain car d’autres pourront continuer les investigations. En 2024, la JIRS de Marseille a ouvert une cinquantaine d’affaires en lien avec la criminalité organisée et une vingtaine concernant la délinquance économique et financière.[embed]https://www.youtube.com/watch?v=T5ltBumB68s[/embed]

La JIRS, pour juridiction interrégionale spécialisée, enquête sur les affaires particulièrement complexes en lien avec la criminalité organisée et la délinquance financière. Ces magistrats prennent alors le relai des Parquets locaux dans les enquêtes préliminaires. Entretien exclusif avec les procureurs en charge de cette juridiction à Marseille.

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Ces quatre lettres ont fait leur apparition dernièrement dans l’actualité de la Côte d’Azur : la JIRS, pour juridiction interrégionale spécialisée. Créées en 2004, il en existe huit en France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Bordeaux, Nancy et Fort-de-France). Leurs magistrats mènent des enquêtes à la place des parquets locaux quand l’affaire devient trop complexe ou dépasse le ressort de la juridiction.

Sur la Côte d’Azur, plusieurs affaires sont désormais entre les mains de la JIRS de Marseille : 

Rencontre avec le procureur de la République de Marseille et ses deux adjoints, en charge de l’une des JIRS les plus importantes de France.

Derrière la façade vitrée du tribunal judiciaire de Marseille, sous l’autorité du Procureur de la République Nicolas Bessone, Isabelle Fort enquête sur la criminalité organisée (trafic de stupéfiants, extorsion, proxénétisme aggravé…), Jean-Yves Lourgouilloux s’occupe de la délinquance économique et financière (abus de biens sociaux, blanchiment, corruption, détournement de fonds publics…).

Si le phénomène criminel concerne plusieurs départements, un tribunal local peut certes se saisir des faits, mais l’intérêt de la JIRS, c’est d’avoir une compétence interrégionale et de concentrer les dossiers qui impactent plusieurs territoires.

Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille

à France 3 Côte d’Azur

Est aussi pris en compte «le caractère structuré et hiérarchisé de l’organisation criminelle, avec des faits d’une certaine ampleur«, complète Isabelle Fort.

La JIRS de Marseille enquête sur un vaste territoire, allant de Perpignan (frontière espagnole) jusqu’à Menton (frontière italienne), en passant par la Corse. Au total, elle couvre les ressorts des cours d’appel d’Aix-en-Provence, de Bastia, de Montpellier et de Nîmes, soit quatorze départements et une population de près de 8,8 millions d’habitants.

La JIRS de Marseille rayonne sur les ressorts des cours d’appel de Montpellier, Nîmes, Aix-en-Provence et Bastia.

© Christophe NOIRCLER/FTV

Géographiquement, la Côte d’Azur est un lieu où il y a pas mal de richesses, donc pas mal de tentations. Lorsqu’il y a de l’argent en jeu, le risque de corruption est toujours présent, et lorsque des sommes importantes sont en jeu, ce risque de corruption est encore plus élevé. Aux côtés du banditisme corse et de la mafia marseillaise, la Côte d’Azur reste une zone à surveiller, selon Jean-Yves Lourgouilloux, procureur adjoint à la JIRS délinquance économique et financière.

Sous la direction des procureurs adjoints Isabelle Fort et Jean-Yves Lourgouilloux, dix magistrats et de nombreux enquêteurs expérimentés travaillent pour lutter contre la criminalité. Ces spécialistes prennent en charge les affaires complexes qui ont une dimension nationale ou internationale, de nombreuses victimes, des préjudices importants, ou impliquent des organisations criminelles financièrement puissantes.

En 2024, la JIRS de Marseille s’est saisie de huit affaires liées à la criminalité organisée sur la Côte d’Azur, dont sept dans le Var et une dans les Alpes-Maritimes. Le trafic de stupéfiants est l’une des infractions qui mobilisent le plus de ressources, avec une augmentation significative des saisies de cocaïne. Isabelle Fort souligne que ce trafic engendre des sommes colossales qui peuvent conduire au blanchiment d’argent et à la corruption.

Face à l’évolution du narcotrafic, les enquêteurs doivent s’adapter et modifier leurs méthodes d’investigation pour rester efficaces. Les enquêtes préliminaires de la JIRS prennent du temps et peuvent durer plusieurs années, en raison de la complexité des affaires traitées. Malgré les pressions et les intimidations possibles, les magistrats spécialisés affirment agir en équipe, ce qui rend toute tentative de pression inefficace.

En 2024, la JIRS de Marseille a ouvert de nombreuses enquêtes liées à la criminalité organisée et à la délinquance économique et financière, démontrant ainsi son engagement à lutter contre ces formes de criminalité. Since its creation 21 years ago, the eight JIRS in France have conducted over 7,000 investigations. The JIRS, or specialized interregional jurisdiction, investigates particularly complex cases related to organized crime and financial delinquency. These magistrates take over from local prosecutors in preliminary investigations. Exclusive interview with the prosecutors in charge of this jurisdiction in Marseille.

These four letters have recently appeared in the news on the French Riviera: the JIRS, or specialized interregional jurisdiction. Created in 2004, there are eight in France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Bordeaux, Nancy, and Fort-de-France). Their magistrates conduct investigations in place of local prosecutors when the case becomes too complex or exceeds the jurisdiction’s scope.

On the French Riviera, several cases are now in the hands of the JIRS in Marseille:

Meeting with the Public Prosecutor of Marseille and his two deputies, in charge of one of the most important JIRS in France.

Behind the glass facade of the Marseille judicial court, under the authority of Public Prosecutor Nicolas Bessone, Isabelle Fort investigates organized crime (drug trafficking, extortion, aggravated pimping…), Jean-Yves Lourgouilloux deals with economic and financial delinquency (misuse of corporate assets, money laundering, corruption, misappropriation of public funds…).

«If the criminal phenomenon concerns several departments, a local court can indeed seize the facts, but the interest of the JIRS is to have interregional competence and to concentrate the cases that impact several territories,» said Nicolas Bessone, Public Prosecutor of Marseille, to France 3 Côte d’Azur.

The «structured and hierarchical nature of criminal organizations, with acts of a certain magnitude» is also taken into account, adds Isabelle Fort.

The JIRS in Marseille investigates over a vast territory, from Perpignan (Spanish border) to Menton (Italian border), passing through Corsica. In total, it covers the jurisdictions of the court of appeals in Aix-en-Provence, Bastia, Montpellier, and Nîmes, totaling fourteen departments and a population of nearly 8.8 million inhabitants.

Geographically, the French Riviera is a place where there is a lot of wealth, so there are many temptations. Là où il y a de l’argent, il y a toujours un risque de corruption, et là où il y a beaucoup d’argent, ce risque de corruption est important. – Jean-Yves Lourgouilloux, procureur adjoint à la JIRS délinquance économique et financière, France 3 Côte d’Azur

Aux côtés du banditisme corse et de la mafia marseillaise, la Côte d’Azur reste une zone à surveiller. Sous la direction des procureurs adjoints Isabelle Fort et Jean-Yves Lourgouilloux, dix magistrats et de nombreux enquêteurs chevronnés travaillent. Ces magistrats spécialisés prennent en charge les enquêtes complexes impliquant des organisations criminelles financièrement puissantes.

En 2024, la JIRS s’est saisie de huit affaires de criminalité organisée sur la Côte d’Azur, dont le trafic de stupéfiants, qui mobilise d’importants moyens humains. La saisie de plus de trois tonnes de stupéfiants par les douaniers maralpins en 2024, dont un record de 192 kg de cocaïne, souligne l’ampleur du problème.

Isabelle Fort souligne que le trafic de stupéfiants génère d’importantes sommes d’argent qui peuvent conduire au blanchiment et à la corruption. Face à ce phénomène, les enquêteurs doivent constamment adapter leurs méthodes pour rester efficaces.

Les enquêtes préliminaires de la JIRS prennent du temps et peuvent durer plusieurs années. Les affaires politico-financières posent des défis particuliers en raison des enjeux impliqués. Les magistrats spécialisés doivent faire face à des pressions et menaces, mais ils insistent sur le fait qu’ils travaillent en équipe et que la procédure n’est pas personnalisée.

En 2024, la JIRS de Marseille a ouvert de nombreuses affaires liées à la criminalité organisée et à la délinquance économique et financière. Depuis sa création il y a 21 ans, les huit JIRS de France ont mené plus de 7 000 enquêtes. Ces juridictions interrégionales spécialisées sont chargées des affaires complexes liées à la criminalité organisée et à la délinquance financière. Elles interviennent lorsque les enquêtes nécessitent une expertise et des ressources spécifiques, prenant ainsi le relais des parquets locaux.

Les JIRS, implantées dans huit villes en France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Bordeaux, Nancy et Fort-de-France), jouent un rôle essentiel dans le traitement des dossiers qui dépassent le ressort des juridictions locales. Depuis leur création en 2004, ces juridictions ont permis de coordonner les actions judiciaires sur des affaires de grande envergure, impliquant souvent plusieurs territoires.

À Marseille, la JIRS est particulièrement active, sous la direction du procureur de la République Nicolas Bessone. Les magistrats Isabelle Fort et Jean-Yves Lourgouilloux sont chargés respectivement de la lutte contre la criminalité organisée et de la délinquance économique et financière. Leur mission consiste à enquêter sur des infractions graves telles que le trafic de stupéfiants, l’extorsion, le blanchiment d’argent et la corruption.

La compétence interrégionale de la JIRS de Marseille lui permet d’intervenir sur un vaste territoire, allant de la frontière espagnole à la frontière italienne, en passant par la Corse. Les magistrats de cette juridiction traitent des dossiers complexes, impliquant des organisations criminelles structurées et opérant à l’échelle régionale voire nationale.

En mettant en commun leurs expertises et leurs moyens, les JIRS contribuent à renforcer la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière en France. Grâce à leur action coordonnée et spécialisée, ces juridictions jouent un rôle crucial dans la préservation de l’ordre public et la protection des citoyens contre les activités illégales et préjudiciables. En tout, la JIRS couvre les ressorts des cours d’appel d’Aix-en-Provence, de Bastia, de Montpellier et de Nîmes, englobant ainsi quatorze départements et une population de près de 8,8 millions d’habitants.

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