Une sage-femme de Libourne a été suspendue début mars après un accouchement à domicile à la suite duquel sa patiente a dû être transférée à l’hôpital. Elle est reçue ce 13 mai par la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse qui doit statuer sur son cas. En moins de six mois, quatre sages-femmes de Nouvelle Aquitaine ont été suspendues après des accouchements à domicile. C’était le 18 décembre 2024. Marie Formey, sage-femme installée à Libourne, accompagne l’une de ses patientes pour son accouchement à domicile. Tout se passe bien, Marie Formey connaît bien sa patiente, elle la suit depuis le début de sa grossesse. «La maman et le bébé allaient très bien, c’est juste que le placenta n’est pas sorti donc j’ai tout de suite appelé le Samu et elle a été transférée à l’hôpital de Libourne dans les temps, puis la patiente a pu rentrer chez elle,» se souvient la sage-femme, «ça arrive, ça fait partie du lot des évènements de l’obstétrique», poursuit-elle. Un accouchement somme toute assez classique pour la sage-femme, qui, trois mois plus tard, le 5 mars 2025, tombe des nues en recevant une notification de suspension de la part de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Nouvelle Aquitaine. «Ils ont estimé, trois mois plus tard, que j’étais dangereuse», déplore Marie Formey. Une sage-femme a été suspendue après un accouchement à domicile, la quatrième en six mois dans la région. Le signalement provient du centre hospitalier de Libourne avec le motif suivant : une hémorragie grave sévère de la délivrance. «La sage-femme qui a fait ce signalement a inventé qu’il y avait une hémorragie grave de la délivrance, sans aucune preuve», proteste Marie Formey qui pratique les accouchements à domicile depuis un an. Dans tous les dossiers, que ce soit les miens ou ceux de l’hôpital, il n’y a aucune trace d’hémorragie !» La patiente a même informé l’ARS qu’elle n’avait jamais saigné. La jeune sage-femme de 32 ans est convoquée par l’ARS le 6 mars 2025, au lendemain de la notification de sa suspension. «Légalement, ils ont jusqu’à trois jours après la suspension pour convoquer la sage-femme et systématiquement ils le font le lendemain», déplore maître Etienne Tête, avocat de Marie Formey. L’une des consœurs de la sage-femme est également convoquée par l’ARS de Nouvelle Aquitaine ce même jour. «On se rend compte qu’on est deux à avoir été suspendues le même jour. Pour ma consœur, il s’agit d’un accouchement qui a eu lieu des mois après moi et elle est convoquée le 6 mars. Est-ce qu’ils ont fait une pierre deux coups ? On se pose la question, on sent réellement une défiance», commente Marie Formey. Signalée par un professeur du groupe hospitalier Pellegrin à Bordeaux, cette seconde sage-femme est finalement dé-suspendue 24 heures après sa convocation à l’ARS. «Le professeur à l’origine du signalement est connu pour être anti accouchement à domicile. Là aussi on était sur un mensonge parti de l’hôpital Pellegrin donc ça prouve l’acharnement», veut croire Marie Formey. «Les deux dossiers étaient intenables ce jour-là, insiste son avocat. Ils ne voulaient pas se déculotter deux fois de suite donc ils n’ont pas annulé la suspension de Marie», ajoute-t-il. En moins de six mois, quatre sages-femmes de Nouvelle-Aquitaine ont été suspendues suite à des accouchements à domicile. «Quatre dossiers coup sur coup dans la même région, c’est énorme», déclare maître Etienne Tête. Un phénomène qui pousse Marie Formey à douter, «je me demande si ce n’est pas un peu poussé par derrière, j’ai tout de suite compris que ce n’était pas moi qui étais visée mais l’accouchement à domicile». Elle a été signalée par une cadre sage-femme du groupe hospitalier Robert Boulin de Libourne, qu’elle assure ne pas connaître. «Elle n’a même jamais vu la patiente en question, et elle n’apparaît même pas dans le dossier», reprend-elle. Les sages-femmes exerçant l’accouchement à domicile sont regroupées en association depuis 2019, l’APAAD (association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile), pour mettre en avant cette pratique et favoriser son intégration au système de santé français. En Nouvelle Aquitaine, elles sont 22 à proposer cet accompagnement, dont neuf en Gironde. Une sage-femme a été suspendue après un accouchement à domicile, la quatrième en six mois dans la région. La première est habituellement réservée aux professionnelles de santé incapables d’exercer physiquement, ce qui n’est pas le cas de Marie Formey. Suspendue depuis plus de deux mois, Marie Formey, qui a récemment ouvert son cabinet à Libourne, s’est retrouvée sans revenu du jour au lendemain. Une cagnotte en ligne a été créée pour lui venir en aide, ainsi qu’à ses collègues suspendues. «J’ai laissé une patientèle énorme sur le carreau, ça a été un choc et ça a été compliqué à gérer», se lamente la professionnelle qui recevait une vingtaine de femmes par jour. Son interdiction d’exercer concerne non seulement les accouchements à domicile, mais aussi les consultations au cabinet. «Ce n’est pas logique, on ne me reproche rien sur mes consultations, d’autant que la majeure partie de ma pratique se recentre sur les consultations gynéco, et non pas sur les grossesses», réagit-elle. «On ne peut pas interdire aux femmes le libre choix de leur lieu d’accouchement, c’est écrit dans la loi», déclare Maître Etienne Tête, avocat de la sage-femme. Marie Formey confie : «Je suis là pour la liberté des couples et des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur lieu d’accouchement». Elle souhaite se battre pour continuer à pratiquer les accouchements à domicile, en garantissant un accompagnement sécurisé aux mamans avec le soutien de sociétés de location de matériel hospitalier. Convoquée devant la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse, Marie Formey se sent en paix. Elle affirme : «Je sais ce que j’ai fait, les patientes sont contentes et heureuses, elles reviennent me voir et depuis ma suspension, je reçois énormément de témoignages de soutien et même de nouvelles demandes d’accouchement à domicile». Dans son courrier de suspension, l’ARS Nouvelle Aquitaine énumère plusieurs faits, dont la césarienne subie par la maman lors d’un accouchement précédent. Marie Formey défend son action en affirmant qu’elle a été très vigilante tout au long de la grossesse. Maître Etienne Tête, avocat de la sage-femme, soutient que le débat autour de la césarienne soulève des questions de fond concernant les pratiques d’accouchement à domicile. Il déplore le manque de réglementation claire à ce sujet. La chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse devrait statuer sur le cas de Marie Formey d’ici le 19 mai.

A midwife from Libourne was suspended in early March after a home birth during which her patient had to be transferred to the hospital. She is meeting on May 13 with the disciplinary chamber of the Order of Midwives in Toulouse which will rule on her case. In less than six months, four midwives from Nouvelle Aquitaine have been suspended after home births.

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It was December 18, 2024. Marie Formey, a midwife based in Libourne, accompanied one of her patients for a home birth. Everything went well, Marie Formey knew her patient well, she had been following her since the beginning of her pregnancy.
«The mother and the baby were doing very well, it’s just that the placenta didn’t come out so I immediately called the emergency services and she was transferred to the hospital in Libourne in time, then the patient was able to go home,» recalls the midwife, «it happens, it’s part of the events in obstetrics», she continues.

The mother and the baby were transferred to the Robert Boulin Hospital in Libourne

© Patricia Mondon / France 3 Aquitaine

Overall, a fairly typical birth for the midwife, who, three months later, on March 5, 2025, is shocked to receive a suspension notification from the Regional Health Agency (ARS) of Nouvelle Aquitaine. «They deemed, three months later, that I was dangerous», laments Marie Formey. Le signalement provenant du centre hospitalier de Libourne indiquait une hémorragie grave sévère de la délivrance, mais Marie Formey, qui pratique les accouchements à domicile, affirme qu’il n’y a aucune preuve de cela dans tous les dossiers, y compris les siens et ceux de l’hôpital. La patiente elle-même a déclaré à l’ARS qu’elle n’avait jamais saigné.

Marie Formey et une consœur ont été suspendues le même jour et convoquées par l’ARS de Nouvelle-Aquitaine. La consœur a été rétablie 24 heures après sa convocation. Marie Formey pense qu’il y a un acharnement envers les sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile.

En moins de six mois, quatre sages-femmes de Nouvelle-Aquitaine ont été suspendues après des accouchements à domicile, ce qui soulève des inquiétudes. Les sages-femmes de l’accouchement à domicile sont regroupées en association pour promouvoir cette pratique. En Nouvelle-Aquitaine, 22 sages-femmes proposent cet accompagnement, dont neuf en Gironde.

Maître Etienne Tête, avocat de la sage-femme, dénonce la sévérité de l’ARS Nouvelle-Aquitaine dans ce genre d’affaires, soulignant leur méthode consistant à suspendre d’abord, puis convoquer. Marie Formey, malgré son récent cabinet libournais, s’est retrouvée sans revenu du jour au lendemain en raison de sa suspension. Une cagnotte en ligne a été lancée pour soutenir Marie et ses collègues suspendues. Malgré son interdiction d’exercer, elle se bat pour la liberté des femmes de choisir leur lieu d’accouchement. Convoquée devant la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse, Marie reste confiante quant à ses actions et reçoit beaucoup de soutien de la part de ses patientes.

Son avocat, Maître Etienne Tête, souligne qu’aucune réglementation n’interdit aux sages-femmes de pratiquer des accouchements à domicile pour les patientes ayant subi une césarienne. Il déplore le manque de règles claires de la part de la Haute autorité de Santé sur ce sujet. Malgré les reproches qui lui sont adressés, Marie reste déterminée à défendre l’accouchement à domicile et souligne l’importance de respecter le choix des femmes.

La chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse devrait rendre sa décision sur le cas de Marie Formey d’ici le 19 mai. Contacted, the Nouvelle Aquitaine Regional Health Agency stated that they are not making any communication regarding this suspension at the current time. Le signalement provenant du centre hospitalier de Libourne mentionnait une hémorragie grave sévère de la délivrance, mais Marie Formey, qui pratique les accouchements à domicile, conteste cette affirmation en affirmant qu’il n’y a aucune preuve de cela dans les dossiers. De plus, la patiente elle-même a déclaré à l’ARS qu’elle n’avait jamais saigné.

Suite à cette notification, la sage-femme de 32 ans a été suspendue et convoquée par l’ARS, tout comme une consœur le même jour. Cette dernière a finalement été réintégrée après sa convocation, ce qui a poussé Marie Formey à penser qu’il y avait un acharnement contre les sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile.

En moins de six mois, quatre sages-femmes de Nouvelle-Aquitaine ont été suspendues après des accouchements à domicile, ce qui a soulevé des interrogations sur une possible volonté de décourager cette pratique. Les sages-femmes exerçant à domicile sont regroupées en association pour promouvoir cette pratique et favoriser son intégration au système de santé français.

Selon l’avocat de Marie Formey, l’ARS Nouvelle Aquitaine a pour habitude d’être très sévère dans ses sanctions, suspendant d’abord avant de convoquer, ce qui suscite des critiques sur les procédures employées. Marie Formey, une sage-femme récemment installée à Libourne, a été suspendue de son activité depuis plus de deux mois, malgré le fait qu’elle soit en mesure d’exercer physiquement. Cette suspension a entraîné une perte de revenus soudaine pour elle, et elle a dû faire face à cette situation difficile. Une cagnotte en ligne a été lancée pour soutenir Marie Formey et d’autres collègues également suspendues.

Malgré sa suspension, Marie Formey souhaite continuer à pratiquer les accouchements à domicile, offrant un accompagnement sécurisé aux futures mamans. Elle estime que les femmes devraient avoir le choix de décider du lieu de leur accouchement et se bat pour défendre ce droit. Convoquée devant la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse, elle reste confiante et déterminée.

Son avocat, Maître Etienne Tête, soutient également sa cause et souligne qu’il n’existe aucune réglementation interdisant spécifiquement les accouchements à domicile pour les femmes ayant subi une césarienne. Il dénonce le manque de clarté dans les règles entourant cette pratique et souligne que la Haute Autorité de Santé n’a jamais pris de position claire à ce sujet.

Malgré les reproches qui lui sont adressés, Marie Formey reste convaincue de la légitimité de son travail et de son engagement envers ses patientes. Elle souhaite poursuivre son combat pour permettre aux femmes de choisir librement les conditions de leur accouchement. La décision de la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse est attendue d’ici le 19 mai. L’agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine a été contactée et a déclaré ne faire aucune communication sur cette suspension à l’heure actuelle. Une sage-femme de Libourne a été suspendue début mars après un accouchement à domicile à la suite duquel sa patiente a dû être transférée à l’hôpital. Elle est reçue ce 13 mai par la chambre disciplinaire de l’ordre des sages-femmes de Toulouse qui doit statuer sur son cas. En moins de six mois, quatre sages-femmes de Nouvelle Aquitaine ont été suspendues après des accouchements à domicile.

Le 18 décembre 2024, Marie Formey, sage-femme installée à Libourne, accompagne l’une de ses patientes pour son accouchement à domicile. Tout se passe bien, Marie Formey connaît bien sa patiente, elle la suit depuis le début de sa grossesse. «La maman et le bébé allaient très bien, c’est juste que le placenta n’est pas sorti donc j’ai tout de suite appelé le Samu et elle a été transférée à l’hôpital de Libourne dans les temps, puis la patiente a pu rentrer chez elle,» se souvient la sage-femme, «ça arrive, ça fait partie du lot des évènements de l’obstétrique», poursuit-elle.

Un accouchement somme toute assez classique pour la sage-femme, qui, trois mois plus tard, le 5 mars 2025, tombe des nues en recevant une notification de suspension de la part de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Nouvelle Aquitaine. «Ils ont estimé, trois mois plus tard, que j’étais dangereuse», déplore Marie Formey. Le signalement de l’hémorragie grave de la délivrance provenant du centre hospitalier de Libourne est remis en question par Marie Formey, une sage-femme pratiquant les accouchements à domicile. Elle affirme qu’il n’y a aucune preuve d’une telle hémorragie dans les dossiers, et la patiente elle-même a déclaré n’avoir jamais saigné.

Marie Formey et une consœur sont convoquées par l’ARS de Nouvelle Aquitaine le même jour, après avoir été suspendues. La consœur est finalement dé-suspendue, mais Marie reste suspendue, ce qui selon son avocat pourrait être lié à un acharnement de la part de l’ARS.

Quatre sages-femmes de la région ont été suspendues en moins de six mois, ce qui pousse Marie à penser qu’il s’agit d’un ciblage de la pratique des accouchements à domicile. Elle a été signalée par une cadre sage-femme qu’elle ne connaît pas et qui ne figure même pas dans le dossier.

Les sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile sont regroupées en association pour promouvoir cette pratique en France. En Nouvelle Aquitaine, 22 sages-femmes proposent cet accompagnement, dont neuf en Gironde.

L’avocat de Marie Formey critique la méthode de l’ARS, qui suspend d’abord avant de convoquer, au lieu d’opter pour une procédure plus souple.

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