Expositions artistiques ou soirées caritatives, les structures qui viennent en aide aux plus précaires innovent pour récolter des dons.
«Nous savons que notre art va servir à aider les plus démunis.«Claudine Cavret est artiste et présidente de l’association le Vesin’Art. Ce jeudi et jusqu’à dimanche, à Croissy-sur-Seine, elle va donner trois de ses peintures au Secours Populaire. L’association organise une exposition-vente d’œuvres d’artistes professionnels et amateurs dans les Yvelines.
«Cela donne du sens à ce que l’on fait. Savoir que l’on envoie un message artistique qui sert à aider des personnes. C’est beaucoup plus stimulant qu’un appel aux dons classique, car on se sent impliqué à part entière«, poursuit l’artiste, alors qu’elle termine d’installer ses œuvres. Peintures, photographies et sculptures seront vendues entre 50 et 300 euros. «Nous avons fixé ce prix maximum pour garder la notion de partage au centre de la vente«, indique Françoise Monier, organisatrice de l’événement pour le Secours Populaire.
Les bénéfices seront reversés à l’antenne locale du Secours populaire qui dessert 140 familles sur les communes de Chatou, le Vésinet et Croissy-sur-Seine. L’argent récolté servira à financer des distributions alimentaires, des vacances ou sorties culturelles et des dispositifs de soutien psychologique.
Diversifier les activités pour appeler aux dons «a toujours été important pour le Secours populaire«, indique sa secrétaire générale adjointe, Joelle Bottalico. «Depuis notre création, nous avons organisé des activités artistiques pour récolter des dons, c’est une façon d’attirer davantage de monde qu’à travers les campagnes d’appel classiques. Pour faire appel à un public large, nous sommes obligés de nous diversifier.» Elle évoque également d’autres actions pour récolter des dons comme des ventes de crêpes.
Aujourd’hui, Joelle Bottalico estime que le fait de diversifier les moyens pour appeler aux dons est «essentiel car les subventions publiques» pour les acteurs de la solidarité «sont de moins en moins importantes. Il en va de la survie de nos structures.»
À titre d’exemple, en décembre dernier, le département du Val-de-Marne avait annoncé une baisse de 77 % de sa subvention pour le Secours Populaire. Selon Joelle Bottalico, «passer par des vecteurs comme l’art ou même le don de matériel permet aux donateurs de se sentir impliqués et aux associations de conserver leur indépendance. C’est important si l’on veut garder notre liberté associative de ne pas dépendre uniquement de ces subventions. Il faut aussi comprendre que le pouvoir d’achat de beaucoup de donateurs est mis à mal et s’adapter à cette réalité.»
Outre le Secours Populaire, d’autres acteurs de la solidarité mêlent art et dons caritatifs. C’est le cas de la Fondation de l’Armée du Salut. Elle organise le 24 novembre, la Nuit de la Philanthropie. «Nous sommes financés à 80 % par des subventions publiques. Elles baissent de plus en plus. Nous avons donc besoin du grand public pour continuer nos actions. Le fait de mobiliser des artistes permet de rajeunir le public des donateurs», note Aude Bourgeois, directrice mécénat et philanthropie de l’Armée du Salut.
Pour se rapprocher des jeunes et rompre avec les appels aux dons classiques, l’Armée du Salut organise également des collectes de dons via un financement participatif sur internet. Par exemple, pour les besoins d’une équipe de futsal composée de mineurs non-accompagnés auxquels l’association vient en aide. Durant cette soirée, les dons serviront à financer des projets à la fois artistiques et solidaires. Par exemple, la rénovation du Palais du Peuple à Paris qui héberge des hommes en grande précarité ou de la Cité des Dames qui accueille des femmes sans domicile fixe. Celle-ci est d’ailleurs directement impactée par la baisse des subventions publiques.
«Habituellement, nous pouvions donner un repas complet aux femmes que nous accueillions. Depuis quelques mois, on ne leur donne plus qu’une petite collation, car on est obligé de réduire la voilure«, note Aude Bourgeois.
Ces deux structures sont loin d’être des cas isolés. Avec la baisse des subventions de l’État, près d’un tiers (32 %) des associations envisage de réduire leur masse salariale à cause de difficultés financières, selon une enquête du Mouvement associatif, qui représente plus de la moitié des associations en France.
Selon une étude de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) publiée en septembre dernier, 50 % des associations qui viennent en aide aux plus précaires subissent une dégradation de leur trésorerie sur les trois dernières années.





