La région Île-de-France produit seulement 10% des fruits et légumes qu’elle consomme, aujourd’hui. En cause, une densité de population de plus en plus élevée et le prix de vente des terrains cultivables. Particulièrement touchée, la filière de l’arboriculture tente de survivre.
En 2022, on dénombrait en Île-de-France 59 arboriculteurs. Les deux tiers se situent dans le Val d’Oise et en Seine-et-Marne. Problème : la quasi-intégralité de ces domaines fait moins de 10 ha et fait de la vente au détail, aux particuliers ou aux marchés régionaux.
Bernard Oudard est l’un des deux seuls à posséder une exploitation plus importante, le verger de Molien à Ussy-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Il travaille essentiellement avec des grossistes alimentaires qu’il livre quatre fois par semaine à Rungis, dans le Val-de-Marne.
Au moment de la récolte entre fin août et fin octobre, ils sont près d’une cinquantaine d’ouvriers agricoles à travailler et dormir sur place pour s’occuper des 1 000 tonnes de pommes et de poires qu’il produit chaque année. Aujourd’hui pourtant, bien que très actif malgré ses 74 ans, Bernard a peur pour l’avenir.
Bernard Oudard dans le verger de sa propriété.
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© France 3 PIDF
«Même si cela n’a pas toujours été facile, je m’en sors plutôt bien de nos jours» avoue d’ailleurs ce patron volubile d’un autre temps. Il prend le temps de nous fait faire le tour de sa propriété, qui s’étale sur 35 ha. À l’intérieur, des installations de près de 3000 m² construite en partie par ses soins, dont plusieurs impressionnantes chambres froides avec une hauteur sous plafond de plus de dix mètres.
«Mais le paradoxe est que si je décide de tout vendre demain, je ne trouverai aucun acheteur car cela sera bien trop cher pour qui que ce soit, à moins d’avoir gagné au Loto. Et encore… C’est aussi pour ça que je fais tout pour que cela reste dans le giron familial.» Si le verger existe depuis 1830, c’est vraiment après la Première Guerre Mondiale qu’il prend son essor. «La belle-famille de mon arrière-grand-père habitait la Ferté-sous-Jouarre et avait des moyens conséquents. Une fois revenu de la guerre, ils lui ont donné ce verger qui était dans leur famille depuis quelque temps avec pour mission d’en faire quelque chose. Le tout ne faisait pas plus d’un hectare et demi à l’époque… Après des années de travail, le verger de Molien est devenu une entreprise en 1925.»
En 1950, le père de Bernard reprend l’affaire. En 1976, ce dernier devient codirigeant. Aujourd’hui, Bernard pilote l’affaire avec son fils unique, lui-même codirigeant officiellement depuis 2009. Un lieu pétri de souvenirs.
Sur un mur, on peut voir, encadré, le diplôme remporté par le grand-père à une exposition nationale d’horticulture en 1933. Juste à côté, une peseuse artisanale d’avant-guerre, avec la graduation écrite à la main.
Plusieurs clichés du domaine ont été pris au cours des âges, dont un datant de 1888.
Un cliché des lieux en 1888.
Une gelée de pomme produite directement sur le site des vergers de Molien.
Pour Eric Moreau, président du comité régional d’Interfel, représentant des métiers issus de la filière des fruits et légumes frais, «il y a clairement un facteur coût en Île-de-France. Il faut donc des filières compétitives, que cela soit dans le bio ou dans le conventionnel. L’une des façons de résoudre ce facteur, c’est de développer des filières compétitives. Pour ce faire, il faut un minimum de taille et une exploitation qui soit capable d’assumer, avec le personnel qui va avec» avant de rappeler que «la pomme reste un produit leader en France. Il ne faut pas oublier qu’entre le moment où un pommier est planté et celui où vous pouvez commencer à en récolter les fruits afin de les commercialiser, il s’écoule au moins cinq ans».
Aujourd’hui, chaque ménage français consomme en moyenne 160 kg de fruits et légumes par an. Et ce, alors que selon l’Insee, les prix des fruits frais ont augmenté de 43 % entre 2013 et 2023.
Pour Eric Moreau, qui est lui-même grossiste et qui rappelle que «le gouvernement actuel parle souvent de souveraineté alimentaire», seuls les pouvoirs publics peuvent apporter un début de solution. «La région consomme 10 millions de tonnes de fruits et légumes par an. C’est un très gros marché et qui devrait profiter à de jeunes producteurs locaux. Mais le prix au mètre carré pour les exploitations agricoles est largement supérieur à celui que l’on peut trouver, par exemple, en Savoie. Il est donc impératif que les autorités publiques facilitent l’installation de jeunes producteurs pour le bien de tous. Bernard, quant à lui, est concentré sur ses 70 km de haies à tailler et le début de sa prochaine récolte prévue pour le 31 août.
La région Île-de-France ne produit actuellement que 10% des fruits et légumes qu’elle consomme en raison de la densité croissante de sa population et des prix élevés des terrains cultivables. La filière de l’arboriculture, en particulier, est en difficulté.
En 2022, il y avait 59 arboriculteurs en Île-de-France, principalement dans le Val d’Oise et en Seine-et-Marne. La plupart de ces exploitations font moins de 10 hectares et vendent leurs produits en détail aux particuliers ou sur les marchés régionaux. Bernard Oudard possède l’une des rares exploitations plus importantes, le verger de Molien à Ussy-sur-Marne.
Pendant la période de récolte, environ cinquante ouvriers agricoles travaillent et logent sur place pour s’occuper des 1 000 tonnes de pommes et de poires produites chaque année par Bernard. Malgré son âge avancé, Bernard est actif mais craint pour l’avenir de son exploitation.
Bernard témoigne : «Même si cela n’a pas toujours été facile, je m’en sors plutôt bien de nos jours.» Il explique qu’il n’y aurait pas d’acheteur si jamais il décidait de vendre son exploitation, car cela serait trop cher pour la plupart des gens. Il tient à ce que l’exploitation reste dans la famille, car elle a une longue histoire.
Le verger de Molien existe depuis 1830, mais c’est après la Première Guerre Mondiale qu’il a vraiment prospéré. Bernard a repris l’affaire de son père en 1976 et dirige maintenant l’entreprise avec son fils unique. L’exploitation est chargée d’histoire et de souvenirs familiaux, ce qui la rend encore plus précieuse pour Bernard. Plusieurs clichés du domaine au cours des âges sont disponibles, dont un datant de 1888.
Cliché des lieux en 1888 :
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Une gelée de pomme produite directement sur le site des vergers de Molien :
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Ces images témoignent de l’évolution et des défis rencontrés par les agriculteurs au fil du temps. La région Île-de-France produit seulement 10% des fruits et légumes qu’elle consomme, en raison de la densité de population croissante et du coût élevé des terrains cultivables. La filière de l’arboriculture est particulièrement touchée, avec seulement 59 arboriculteurs recensés en 2022, deux tiers d’entre eux étant situés dans le Val d’Oise et en Seine-et-Marne. La plupart de ces exploitations font moins de 10 hectares et se concentrent sur la vente au détail, aux particuliers ou aux marchés régionaux.
Bernard Oudard, propriétaire du verger de Molien à Ussy-sur-Marne, en Seine-et-Marne, est l’un des rares à posséder une exploitation plus importante. Il travaille principalement avec des grossistes alimentaires, livrant régulièrement à Rungis, dans le Val-de-Marne. Pendant la période de récolte, qui s’étend de fin août à fin octobre, près de cinquante ouvriers agricoles travaillent et résident sur place pour s’occuper des 1 000 tonnes de pommes et de poires produites chaque année.
Malgré son activité soutenue à l’âge de 74 ans, Bernard Oudard exprime des inquiétudes quant à l’avenir de son exploitation. Il souligne les défis auxquels il est confronté en tant qu’arboriculteur, notamment en ce qui concerne la transmission de son entreprise. Son verger, qui existe depuis 1830 et a pris de l’ampleur après la Première Guerre mondiale, est une affaire familiale qui a connu plusieurs générations d’exploitants.
Le père de Bernard a repris l’affaire en 1950, devenant codirigeant en 1976. Aujourd’hui, Bernard dirige l’entreprise avec son fils unique, qui est officiellement codirigeant depuis 2009. Le verger de Molien est chargé d’histoire, avec des souvenirs familiaux jalousement conservés. Des artefacts et des trophées datant de plusieurs décennies ornent les murs, témoignant de l’engagement et du savoir-faire transmis de génération en génération.
Malgré les défis auxquels les arboriculteurs en Île-de-France sont confrontés, des exploitations comme celle de Bernard Oudard continuent de prospérer grâce à un travail acharné, une passion pour le métier et une volonté de maintenir l’héritage familial vivant. La préservation de ces activités agricoles traditionnelles est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire et la diversité des productions dans la région, malgré les pressions exercées par l’urbanisation croissante et les coûts fonciers élevés. Plusieurs clichés du domaine ont été pris au cours des âges, dont un datant de 1888.
Dans ce cliché historique, on peut voir les vergers de Molien en 1888, témoignant de l’histoire agricole de la région.
Aujourd’hui, malgré les défis liés à l’urbanisation croissante et à la concurrence, des producteurs comme Bernard continuent de perpétuer le savoir-faire traditionnel.
Eric Moreau, président d’Interfel, souligne l’importance de développer des filières compétitives pour maintenir la production de fruits et légumes en Île-de-France.
Alors que la demande en produits locaux augmente, les pouvoirs publics sont appelés à soutenir l’installation de jeunes producteurs pour garantir la souveraineté alimentaire de la région.
Malgré les défis, Bernard se prépare pour la prochaine récolte, témoignant de la résilience des agriculteurs face aux changements du secteur.
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