Le crash de l’Airbus Germanwings a été marqué par un bruit d’explosion et une épaisse fumée noire. Le 24 mars 2015, l’avion s’est écrasé dans le massif des Trois-Évêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à 10h41. Les 144 passagers et six membres d’équipage à bord ont tous péri dans l’accident. L’impact a été si violent à 700 km/h que l’appareil a été pulvérisé, rendant les opérations de secours extrêmement complexes. Les services de secours ont été mobilisés en urgence pour faire face à cette tragédie. Le bruit de l’explosion et la fumée noire sont les premiers signes du crash de l’Airbus Germanwings. «À partir de là, on décide que potentiellement, il y a une catastrophe, et on ne va pas tarder à lancer la machine», explique le commandant. Si des plans de secours sont organisés, l’accident est un scénario qui fait partie du champ des possibles, mais plutôt pour des chutes de petits planeurs, explique le commandant. Sous la responsabilité du préfet, le plan Sauvetage Aéro-Terrestre (SATER). «On a des plans comme : ‘le plan Sauvetage Aéro-Terrestre (SATER)’. Si la planification nous permet de nous préparer, après, c’est le terrain qui commande». Rien n’est écrit pour savoir comment on traite la chute d’un avion dans le département des Hautes-Alpes, il faut tout inventer. La gestion de crise c’est ça. Ce sont aussi des arbitrages. Emmanuel Clavaud, commandant de l’opération du crash Germanwings à France 3 Provence-Alpes L’objectif initial est double : localiser précisément la zone du crash puis réfléchir aux moyens à déclencher. Rapidement, 750 pompiers sont mobilisés. Mais leur intervention est rendue extrêmement difficile par la situation géographique du site. “Il s’agit d’une zone isolée, uniquement accessible en hélicoptère, dans un secteur montagneux escarpé”, détaille le commandant des opérations. Trente minutes après l’alerte, un hélicoptère de la gendarmerie localise la zone du crash. L’après-midi même, la confirmation tombe : il n’y a aucun survivant. Le commandant raconte l’un de ses souvenirs marquants : “au moment de la visualisation de la première photo du site du crash, le drame est avéré. Je redoutais déjà le pire, mais quand j’ai vu la photo, il n’y avait plus de doute, je sais déjà qu’il n’y aurait aucun survivant». L’avion était pulvérisé, “à ce moment-là, il faut absolument éviter de se laisser envahir par ses émotions”. Dès lors, la gestion de la crise prend un nouveau tournant. “Sur la zone du crash, il s’agit désormais d’une enquête”, explique Emmanuel Clavaud. Les enquêteurs doivent travailler dans des conditions extrêmement difficiles : “il a fallu déplacer des blocs de roche et des débris très lourds pour leur permettre d’accéder aux éléments essentiels”. En l’espace de deux jours, “des milliers de personnes, notamment des proches des victimes, affluent, 2000 journalistes issus de 500 médias, des hélicoptères, des chefs d’État en visite… Tout cela doit être géré en parallèle de l’opération de secours”, se remémore-t-il. Au bout de 48h, les familles débarquent. Une organisation très calibrée par la compagnie aérienne Lufthansa. Ce sont 350 proches des victimes issus de différents pays. “Elles arrivent à Marseille puis ils viennent en bus jusque dans Le Vernet. À leur arrivée, il y avait aussi les prélèvements ADN pour l’enquête”, décrit Emmanuel Clavaud. Si le commandant de l’opération raconte qu’ils prévoient comme hébergement d’urgence des gymnases dans la petite commune du Vernet, “la plupart des familles sont hébergées à Marseille”. “Parmi les victimes, il n’y avait aucune famille française, ce n’était pas évident avec la barrière de la langue». Un défi qui implique la mobilisation d’interprètes, «souvent des enseignants, qui n’étaient pas forcément préparés à parler de deuil”, souligne-t-il. Psychologues et médecins sont également sollicités sur place pour assurer un soutien aux familles. La prise en charge des familles est coordonnée par le Docteur Frédéric Petitjean qui est médecin-chef des sapeurs-pompiers des Alpes-de-Haute-Provence : “il a dû coordonner l’arrivée des psychologues et médecins français, mais aussi les professionnels médicaux et linguistiques des différents pays”. L’autre préoccupation est de protéger ces familles de l’intrusion médiatique. «Nous avons veillé à ce que les journalistes ne prennent pas en photo les familles de face pour qu’elles puissent se recueillir en toute dignité», explique-t-il. L’ampleur de la catastrophe laisse des traces profondes chez ceux qui l’ont gérée. «Une intervention de cette ampleur, je n’en avais jamais connu», confie Emmanuel Clavaud. La charge émotionnelle est immense : “on a aussi fait en sorte que les familles puissent identifier les corps et veiller sur elles. Je pense qu’elles l’ont compris et l’ont ressenti”. Pour faire face au traumatisme, un suivi psychologique est mis en place pour les secouristes. Certains seront suivis pendant plusieurs années. «Moi-même, j’ai exprimé le besoin d’un accompagnement psychologique dans la foulée», confie Emmanuel Clavaud. Dix ans après, le commandant de l’opération, parti exercer en Haute-Savoie un an et demi après le crash, mesure à quel point cet événement a changé sa vision de son métier. “Cette mission m’a aussi marqué positivement. Ça donne une confiance absolue dans la puissance du travail d’équipe”. Il occupait alors son premier poste de directeur d’opérations, dans une région principalement marquée par les feux de forêts. “Ce jour-là, j’ai découvert ce que signifiait gérer une catastrophe d’une ampleur extrême. Ça a aussi changé mon regard sur mes propres limites”, avoue-t-il. Cet événement, d’une très grande ampleur, «pousse à veiller, tous les jours, à être attentif, à cultiver ses compétences et ses capacités, parce que dans ces moments, il faut être à fond”. Crash de l’Airbus Germanwings : commémoration et témoignages 10 ans après

Publié le

Écrit par Yasmine Boutaba

Le 24 mars 2015, un Airbus A320 de la compagnie low cost allemande, Germanwings, appartenant à la Lufthansa, s’écrasait dans le massif des Trois-Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les 144 passagers et six membres d’équipage sont tous morts. Dix ans plus tard, à l’approche des commémorations, Emmanuel Clavaud, commandant pompiers qui a participé aux recherches après le crash, confie ses souvenirs à France 3 Provence-Alpes.

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Je pense que nous avons tous été profondément marqués par cette intervention”, confie Emmanuel Clavaud, commandant de l’opération du crash de la Germanwings. Il ajoute : “Je me souviens des différentes étapes. Je sais que les 10 ans arrivent donc j’y ai repensé. Je me revois dans les séquences, j’ai l’impression que c’était hier”.

L’avion s’est atomisé sur la montagne, le 24 mars 2015, à 10h41, dans le massif des Trois-Évêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. À bord de cet Airbus A320-211, 144 passagers et six membres de l’équipage perdent la vie. L’impact est d’une violence extrême à 700 km/h : l’appareil est pulvérisé, rendant les opérations de secours particulièrement complexes. Très vite, les services de secours sont mobilisés à une échelle exceptionnelle.

Emmanuel Clavaud, commandant des opérations de secours ce jour-là, revient sur cette intervention hors norme, qui a marqué à jamais sa carrière ainsi que la mémoire de toute une région.

Vu du ciel, le déploiement des secours, avec 750 pompiers pour les recherches et l’accompagnement des familles.

© DUCLET STEPHANE / MAXPPP

L’annonce du crash est d’abord incertaine. “Nous avons reçu seulement deux appels de témoins du centre opérationnel, ce n’était pas 500 appels”, se souvient Emmanuel Clavaud. Ces témoignages font état d’un bruit d’explosion et de fumée. En parallèle, le centre de coordination des secours affirme avoir perdu la trace de l’avion. «À partir de ce moment-là, dès qu’il y a une possibilité de catastrophe, nous activons immédiatement les opérations», explique-t-il. Today, he still thinks back to that intervention.

Since the air disaster, a memorial work has been carried out in the town of Le Vernet. A path of remembrance has been created, allowing families and visitors to pay their respects. Following the first commemoration, a sculpture and an esplanade were installed, overlooking the crash site. «During the very first commemoration, we allowed families to approach the site, but it was a physical challenge because it required walking in the mountains. For older people, for example, we had planned adapted vehicles,» recalls Emmanuel Clavaud. «It was a major operation of support and monitoring,» he summarizes.

Ten years later, he will attend a new ceremony in honor of the victims on March 24, 2025: «an important moment» for him. One thing is certain, the operation allows him to experience things he never thought he would. He recounts: «I was part of the French delegation in Spain (Barcelona) and Germany (Cologne) at the end of the ceremony when the families were leaving, I remember the looks they gave us, it’s gratitude in their eyes.»

Published on March 23, 2025 at 06:10 by Yasmine Boutaba.

The 24th of March, 2015, an Airbus A320 from the German low-cost airline Germanwings, owned by Lufthansa, crashed in the Trois-Evêchés massif in the Alpes-de-Haute-Provence. All 144 passengers and six crew members perished. Ten years later, as the commemorations approach, Emmanuel Clavaud, a firefighter commander who participated in the search after the crash, shares his memories with France 3 Provence-Alpes.

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Emmanuel Clavaud, commandant de l’opération du crash de la Germanwings, se remémore cette intervention marquante. Le 24 mars 2015, un Airbus A320 s’est écrasé dans les Alpes-de-Haute-Provence, causant la mort de 144 passagers et six membres d’équipage. Les opérations de secours, mobilisant 750 pompiers, ont été extrêmement difficiles en raison de la géographie escarpée du site isolé.

Malgré les défis, la zone du crash a été rapidement localisée et il a été confirmé qu’il n’y avait aucun survivant. L’intervention est passée d’une opération de secours à une enquête, marquant à jamais la carrière d’Emmanuel Clavaud et la mémoire de toute une région. Les enquêteurs ont dû travailler dans des conditions très difficiles, déplaçant de lourds blocs de roche et des débris pour accéder aux éléments essentiels. En seulement deux jours, des milliers de personnes, y compris des proches des victimes, 2000 journalistes de 500 médias, des hélicoptères et des chefs d’État en visite, ont afflué, ce qui a nécessité une gestion parallèle de l’opération de secours. Les familles sont arrivées après 48 heures, organisées de manière très précise par la compagnie aérienne Lufthansa. Un suivi psychologique a été mis en place pour les secouristes, et certaines familles ont été hébergées à Marseille pour les protéger de l’attention médiatique. Une commémoration annuelle a été instaurée dans la commune du Vernet pour permettre aux familles et aux visiteurs de se recueillir. Après dix ans, le commandant de l’opération se souvient de l’événement qui a profondément marqué sa carrière. The tragic crash of Germanwings Flight 9525 in the French Alps on March 24, 2015, continues to haunt the memories of those involved in the rescue and recovery efforts. As the 10th anniversary of this devastating event approaches, Emmanuel Clavaud, a firefighting commander who played a crucial role in the aftermath of the crash, shares his recollections with France 3 Provence-Alpes.

The Day of the Crash

The ill-fated Airbus A320 belonging to the German low-cost carrier Germanwings, a subsidiary of Lufthansa, crashed into the Trois-Évêchés mountain range in the Alpes-de-Haute-Provence. The aircraft was carrying 144 passengers and six crew members, all of whom perished in the tragic accident. The impact of the crash, which occurred at 10:41 am, was catastrophic, with the plane disintegrating upon impact at a speed of 700 km/h. The sheer force of the crash made rescue operations immensely challenging, requiring an unprecedented mobilization of emergency services.

Emmanuel Clavaud’s Memories

Emmanuel Clavaud, who led the rescue efforts on that fateful day, vividly recalls the harrowing experience. «We were all deeply affected by this intervention,» he shares. «I remember the different stages of the operation. As the 10th anniversary approaches, I find myself revisiting those moments, feeling as though it happened just yesterday.»

The Devastating Aftermath

The wreckage of the aircraft scattered across the mountain, leaving a trail of destruction in its wake. The intense impact pulverized the plane, complicating the rescue and recovery efforts. Clavaud reflects on the extraordinary scale of the rescue operation, which involved a massive deployment of emergency personnel.

The Impact on the Region

The crash of Germanwings Flight 9525 left an indelible mark on the region, forever changing the lives of those involved. The trauma of the tragedy lingers in the collective memory of the community, serving as a somber reminder of the fragility of life.

Memories from the Scene

Clavaud vividly recalls the chaos and devastation at the crash site. The overwhelming scale of the tragedy tested the limits of the rescue teams, requiring immense courage and resilience to navigate the challenging terrain and harsh conditions.

Aerial View of the Rescue Efforts

A striking aerial image captures the extensive rescue efforts following the crash. Over 750 firefighters were mobilized to conduct search and recovery operations, providing support to the grieving families and ensuring that no stone was left unturned in the quest for answers.

Final Thoughts

As the anniversary of the Germanwings crash approaches, Emmanuel Clavaud’s reflections offer a poignant reminder of the profound impact of the tragedy. The memories of that fateful day continue to resonate, serving as a testament to the resilience and strength of the human spirit in the face of unimaginable loss.

In conclusion, the legacy of Germanwings Flight 9525 lives on, not only in the hearts of those directly affected but also in the collective memory of a community that came together in the wake of tragedy. May the lives lost in this devastating event never be forgotten, and may their memory serve as a reminder to cherish every moment we have with our loved ones. En parallèle, le centre de coordination des secours annonce avoir perdu la trace de l’avion. «À ce moment-là, on décide qu’il y a potentiellement une catastrophe, et nous ne tarderons pas à mettre en place nos procédures», explique-t-il.

Lorsque des plans de secours sont activés, le crash d’un avion est envisagé comme un scénario possible, mais généralement pour des petits planeurs. Sous la direction du préfet, le plan Sauvetage Aéro-Terrestre (SATER) est mis en place. «Nous avons des plans comme le plan Sauvetage Aéro-Terrestre (SATER). La planification nous permet de nous préparer, mais sur le terrain, c’est l’action qui dicte nos décisions».

Rien n’est prévu pour gérer la chute d’un avion dans les Hautes-Alpes, donc tout doit être improvisé. C’est ce que signifie la gestion de crise. Emmanuel Clavaud, commandant de l’opération du crash de Germanwings, explique : «C’est aussi une question de prise de décision».

L’objectif initial est de localiser précisément le site du crash et de planifier les opérations de secours. 750 pompiers sont rapidement mobilisés, mais l’accès au site est extrêmement difficile en raison de sa situation géographique isolée et montagneuse.

Trente minutes après l’alerte, un hélicoptère de la gendarmerie repère le site du crash. Le soir même, il est confirmé qu’il n’y a aucun survivant. Le commandant se souvient du moment où il a vu la première photo du site : «C’est à ce moment-là que j’ai su qu’il n’y aurait aucun survivant». Il insiste sur la nécessité de rester maître de ses émotions dans de telles situations.

La gestion de la crise évolue alors vers une enquête sur le crash. Les enquêteurs doivent travailler dans des conditions difficiles, déplaçant des débris pour accéder aux éléments nécessaires.

Dans les jours qui suivent, des milliers de personnes, y compris des proches des victimes et des journalistes, convergent vers la zone du crash. Les familles des victimes arrivent et sont prises en charge par une organisation mise en place par Lufthansa.

La catastrophe laisse une empreinte profonde sur ceux qui y ont été confrontés, nécessitant un suivi psychologique pour les secouristes et les familles des victimes. Pour le commandant, cette mission a été un tournant dans sa carrière, lui donnant une confiance absolue dans le travail d’équipe et le poussant à être toujours attentif à ses compétences et capacités. Encore aujourd’hui, il se remémore cette intervention. Depuis la tragédie aérienne, un travail de mémoire a été entrepris dans la commune du Vernet. Un chemin commémoratif a été aménagé pour permettre aux familles et aux visiteurs de se recueillir. À l’issue de la première commémoration, une sculpture et une esplanade ont été installées, surplombant la zone de l’accident. Emmanuel Clavaud se souvient : «Lors de la toute première commémoration, on avait permis aux familles de se rapprocher du site, mais cela restait une épreuve physique car il fallait marcher en montagne. Pour les personnes âgées par exemple, nous avions prévu des véhicules adaptés. C’était une grosse opération de soutien, de surveillance.»

Dix ans plus tard, il assistera à une nouvelle cérémonie en hommage aux victimes le 24 mars 2025, un moment important pour lui. Cette expérience lui a permis de vivre des situations auxquelles il n’aurait jamais pensé. Il se souvient : «J’ai fait partie de la délégation française en Espagne (Barcelone) et en Allemagne (Cologne) à la fin de la cérémonie lorsque les familles sortaient, je retiens les regards qu’ils nous ont adressés, c’est des remerciements avec les yeux.»

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