Les syndicats ont appelé les pharmaciens à fermer les officines jeudi pour une «mobilisation historique» contre la baisse des remises commerciales sur les médicaments génériques. Cette baisse pourrait avoir des conséquences graves dans les déserts médicaux et même dans des grandes villes comme Paris.
«Est-ce que vous êtes fermé ce jeudi ?», demande Laeticia, au comptoir de sa pharmacie à Montmartre, qui participe au mouvement du 18 septembre. La cliente, de passage en prévision de la grève, commande des médicaments pour son enfant, afin d'»être sûre de pouvoir récupérer ça mercredi» avant la fermeture de la boutique.
«Les pharmaciens ont déjà si peu de marge, pourquoi taper une fois de plus sur eux ? Et ma belle-mère est pharmacienne, je suis à fond derrière le mouvement”, explique cette mère de famille, qui soutient la mobilisation. «Je ne suis pas d’accord, ça m’embête«, répond au contraire une autre cliente, croisée à la sortie de la boutique.
«Le risque pour beaucoup d’officines, c’est la fermeture. On parle d’une pharmacie sur trois en France», alerte Johanna, qui cite les chiffres de syndicats. • © Pierre de Baudouin
Le mouvement vise à protester contre un arrêté ministériel récent réduisant la marge des officines sur les médicaments génériques. Depuis le 1er septembre, les remises consenties par les laboratoires sont plafonnées à 30 % maximum du prix du générique, contre 40 % actuellement. Ce plafond devrait descendre progressivement à 20 % d’ici 2027.
À Montmartre, Johanna, pharmacienne, compte fermer toute la journée ce jeudi. «Je ne sais pas si ça aura vraiment un impact par la suite… Mais le 18, c’est le moment ou jamais de montrer son mécontentement. Sinon, il ne se passera jamais rien«, confie-t-elle.
«Le risque pour beaucoup d’officines, c’est la fermeture. On parle d’une pharmacie sur trois en France. En région parisienne, il y aura toujours des pharmacies. Mais là où il manque déjà des médecins, le pharmacien est parfois le seul professionnel de santé près de chez soi. C’est parfois le seul rempart avant d’aller aux urgences.
Johanna alerte que l’État a créé des déserts médicaux et est en train de créer des déserts pharmaceutiques. Elle souligne que la baisse des remises sur les médicaments génériques entraînera des conséquences graves, notamment des sous-effectifs et des files d’attente dans les pharmacies. Elle s’inquiète également de l’ouverture du monopole et de l’impact sur les petites structures face aux plus grosses pharmacies.
Les syndicats, dont la FSPF et l’USPO, ont appelé à une mobilisation historique contre cette baisse des remises. Ils demandent la modification ou la suspension temporaire de l’arrêté et envisagent d’attaquer la décision devant le conseil d’État. Les ministères de la Santé et de l’Économie justifient cette mesure par la volonté de réduire les coûts des génériques.
L’intersyndicale appelle à la fermeture des pharmacies tous les samedis à partir du 27 septembre et a lancé une pétition qui a recueilli plus de 183 000 signatures. Johanna craint que les pharmacies qui resteront ouvertes ne puissent faire face à la demande croissante, entraînant une saturation du système. Our Privacy Policy
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