Le procès de l’enseignante d’Evaëlle, la collégienne qui s’est suicidée en 2019 à Herblay dans le Val-d’Oise, s’est ouvert ce lundi.
C’est au tour de l’enseignante, Pascale B. d’être entendue par les juges ce mardi, après une première journée de procès consacrée à sa carrière et à l’audition de témoins.
Lundi interrogée sur son parcours professionnel, la professeure rappelle : «J’ai choisi d’exercer cette profession par choix» après des études de lettres classiques, dit-elle.
À 25 ans, elle devient professeure en 1987. Après différents établissements dans le Val-d’Oise, elle arrive en 2016 au collège Isabelle-Autissier d’Herblay, avec la «motivation». «C’était un tout nouveau collège, il y avait tout à construire, un projet d’établissement». Si son dossier académique brosse le portrait d’une enseignante «expérimentée, sérieuse et dynamique», d’autres éléments décrivent une «professeure autoritaire et cassante», d’après le proviseur du collège arrivé la rentrée suivant le suicide d’Evaëlle.
À la barre, une ancienne collègue de mathématiques a relaté des «remarques tranchantes» et une difficulté par les élèves à comprendre le second degré dont elle pouvait faire preuve.
Lundi après-midi, trois assistantes de vie scolaire qui ont travaillé avec la prévenue ont évoqué une enseignante «bienveillante», «gentille» et «aidante». «Parfois il y avait des situations complexes en classe, elle mettait un petit peu d’humour. Ce n’est pas quelqu’un qui criait. C’était quelqu’un de souriant, qui pouvait s’inquiéter de ces élèves en classe», a raconté l’une d’elles qui a travaillé à ses côtés de 2004 à 2010, relevant «la prestance» de l’enseignante.
Les parents de la jeune fille se sont également exprimés en fin de journée. «Tout s’est écroulé le jour où Evaëlle a disparu«, a confié son père. Et de poursuivre : ‘Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Comment je vais m’occuper de tout ça ? Jusqu’à la fin de ma vie, ce sera difficile», témoigne Sébastien Dupuis, qui ne parvient plus à exercer son métier d’éducateur à la Protection judiciaire de la jeunesse.
Le 21 juin 2019, le père d’Evaëlle a retrouvé sa fille de 11 ans pendue à son lit dans leur pavillon à Herblay dans le Val-d’Oise, la veille de leur départ en vacances. Dans la journée, elle avait eu un conflit avec un collégien.
Six mois plus tôt, l’adolescente avait tenté de mettre le feu à une poutre de la maison après une rupture amicale. Depuis l’entrée d’Evaëlle en sixième au collège Isabelle-Autissier d’Herblay, les problèmes s’étaient multipliés pour la jeune fille, déjà victime de brimades en primaire.
Au-delà du comportement insultant et violent de camarades, elle faisait face à des tensions avec son enseignante de français au sujet de la mise en place d’un protocole médical relatif à des problèmes de dos.
Dans un premier temps, la situation avait été réglée en interne et Evaëlle, décrite comme précoce, joyeuse, mais ayant des difficultés dans les relations sociales, n’appréhendait plus de se rendre en cours de français.
Pourtant, quelques mois plus tard, durant une session consacrée au harcèlement scolaire, l’enseignante avait demandé aux élèves d’exprimer leurs reproches à Evaëlle qui devait ensuite s’expliquer. Face à ses pleurs, l’enseignante s’était énervée et lui avait intimé de répondre aux questions, d’après les récits des élèves. Ses parents avaient porté plainte contre des élèves et l’avaient changé de collège en février 2019.
L’ensemble des comportements de l’enseignante ont eu «pour effet une dégradation très importante des conditions de vie de la jeune fille qui s’isolait de plus en plus», a écrit la juge qui a décidé de son renvoi pour harcèlement moral sur mineure et du non-lieu pour homicide involontaire.
Lors de l’instruction, l’enseignante a dit qu’elle avait pu être trop sévère voire «cash» mais qu’elle s’était investie pour les élèves. Au sujet d’Evaëlle, elle n’avait pas réussi à créer un lien avec elle. Âgée de 62 ans, Pascale B. conteste toute forme de harcèlement sur la collégienne.
L’enseignante est également jugée pour avoir harcelé deux autres collégiens.
Découlant de la même instruction, deux anciens camarades de classe comparaîtront devant le tribunal des enfants d’ici à la fin de l’année pour le harcèlement moral d’Evaëlle.
Par ailleurs, l’Education nationale a indemnisé la famille au titre du préjudice moral, selon le rectorat de Versailles, en échange de l’abandon d’éventuelles poursuites envers l’État.
Mardi matin, la professeure Pascale B. se présentera à la barre pour témoigner lors du procès en cours. Ce mardi matin, l’enseignante témoignera à la barre. Please rewrite the text for me.
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