Les affrontements qui ont éclaté il y a deux jours ont causé de nombreuses victimes parmi la minorité druze.
La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé, le jeudi 1er mai, une «campagne génocidaire» contre sa communauté, suite aux violences confessionnelles qui ont entraîné la mort de plus de 100 personnes en deux jours, selon le bilan transmis jeudi soir par l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Ces affrontements opposent des combattants druzes, une minorité de l’islam chiite, à des groupes armés liés au nouveau gouvernement sunnite.
Des violences suite à un message attribué à tort aux druzes
Les affrontements ont été déclenchés lundi suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message audio dans lequel un homme insultait le prophète Mahomet et ses disciples, selon Le Monde. Ce message a été attribué à tort à un responsable druze, Marwan Kiman, qui a nié ces accusations. Le ministère de l’Intérieur syrien a confirmé que l’audio avait été attribué à tort à cet homme.
Cette diffusion a provoqué de nombreux appels à la haine envers les druzes, et a été suivie d’une attaque de groupes armés sunnites affiliés au nouveau gouvernement syrien dans la commune de Jaramana près de Damas. Des affrontements violents ont éclaté, causant la mort de plusieurs personnes.
Les combats se sont poursuivis les jours suivants, touchant d’autres communes où vivent des druzes. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ces violences ont entraîné la mort de plusieurs membres des forces de sécurité syriennes, de combattants et de civils. Des accords entre les représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme dans certaines régions.
Les druzes sont une minorité ésotérique de l’islam chiite présente notamment en Syrie, Liban et Israël. En Syrie, la communauté compte environ 700 000 personnes. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l’islam, tandis que le sunnisme et le chiisme sont les principaux courants.
Les autorités déploient les forces de sécurité
Les autorités syriennes ont déployé les forces de sécurité pour rétablir l’ordre à Sahnaya suite aux récents affrontements. Elles ont averti qu’elles agiraient fermement contre ceux qui perturbent la stabilité du pays. Le président a réaffirmé son engagement à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze.
Les violences récentes font craindre de nouveaux massacres, rappelant les événements tragiques du mois de mars où de nombreuses personnes ont perdu la vie. La plus haute autorité spirituelle des druzes a dénoncé une campagne génocidaire et appelé à une intervention internationale pour protéger sa communauté.
Israël menace d’intervenir
Israël a mené des frappes sur la région de Sahnaya pour défendre les druzes, provoquant des tensions avec le pouvoir syrien. Les autorités israéliennes ont averti qu’elles frapperaient des cibles du pouvoir syrien si les violences contre la communauté druze se poursuivaient. L’ONU et la France ont exprimé leur inquiétude face à ces violences intercommunautaires et ont demandé l’arrêt des attaques.
Le ministère de l’Intérieur syrien a confirmé, lundi dans la soirée, que l’audio avait été attribué à tort à cet homme.
Sa diffusion a néanmoins entraîné de nombreux appels à la haine à l’encontre des druzes, et a été suivie lundi soir d’une attaque de groupes armés sunnites, affiliés au nouveau pouvoir syrien, dans la commune de Jaramana, près de Damas. «Des escarmouches mineures ont commencé après minuit, puis de violents affrontements ont éclaté aux premières heures de l’aube», a raconté un habitant au Monde.
Les combats se sont poursuivis mardi et mercredi, s’étendant à d’autres communes où résident des druzes. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ces violences ont entraîné la mort de 30 membres des forces de sécurité syriennes et de combattants affiliés. Vingt-et-un combattants druzes et dix civils ont également été tués mardi et mercredi à Jaramana et Sahnaya, près de Damas. Dans la province de Soueïda, bastion de la communauté druze près d’Israël, 40 autres combattants druzes ont été tués mercredi, dont 35 dans une embuscade, selon l’ONG. Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, et mercredi soir à Sahnaya.
Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l’islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. En Syrie, la communauté compte près de 700 000 personnes. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l’islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.
Les autorités déploient les forces de sécurité
Ces heurts illustrent l’instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite. Mercredi soir, les autorités syriennes ont annoncé le déploiement des forces de sécurité à Sahnaya pour «rétablir l’ordre». Elles ont averti qu’elles «frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie», accusant des «groupes hors-la-loi» d’avoir attaqué «des postes et barrages» des forces de sécurité aux abords de Sahnaya.
Le président Ahmed al-Charaa a, dans ce contexte, réaffirmé son «engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze». Ces violences réveillent le spectre des massacres qui ont fait, début mars, plus de 1 700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Ces violences communautaires avaient été déclenchées par des attaques des groupes pro-Assad contre les forces de sécurité.
Dans un communiqué publié jeudi matin, la plus haute autorité spirituelle des druzes a dénoncé une «campagne génocidaire injustifiée», visant des «civils à leur domicile» et réclamé «une intervention immédiate de forces internationales». «Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement», a affirmé le cheikh Hikmat al-Hajri. «Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés. (…) Un gouvernement protège son peuple», a-t-il insisté.
Israël menace de frapper le pouvoir syrien
Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël a mené mercredi des frappes sur la région de Sahnaya. L’Etat hébreu, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est en guerre, compte 150 000 membres de cette minorité sur son territoire. Les druzes d’Israël, réputés pour leur patriotisme, sont nombreux dans l’armée et la police du pays.
Mercredi, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la Défense, Israël Katz, ont annoncé conjointement que l’armée avait mené «une action d’avertissement» contre un «groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya». L’armée israélienne a ajouté que ses forces seraient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si «la violence contre la communauté druze persistait». Elle a en outre déclaré avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers Israël.
Sans citer directement l’Etat hébreu, le pouvoir syrien a exprimé mercredi «son rejet catégorique de toute ingérence étrangère» sur son territoire. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s’est dit «alarmé» par le «potentiel d’escalade» après les violences intercommunautaires, et a exigé que cessent les attaques israéliennes. La France a, de son côté, condamné «les violences confessionnelles meurtrières à l’encontre des druzes en Syrie» et appelé «Israël à ne pas conduire d’actions unilatérales susceptibles d’aggraver les tensions communautaires».
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