Un expert référence du mobilier royal du XVIIIe, un ébéniste meilleur ouvrier de France et une prestigieuse galerie d’antiquaires parisienne comparaissent jusqu’au 4 avril. Le tribunal de Pontoise juge mardi une affaire de fabrication et de vente de faux sièges d’époque entre 2008 et 2015.
Des spécialistes réputés du mobilier du XVIIIe siècle reconvertis en faussaires de génie aux œuvres capables de duper jusqu’au château de Versailles : le tribunal de Pontoise juge à partir de mardi un scandale de faux meubles historiques impliquant six personnes. Une affaire qui a secoué le microcosme feutré des antiquaires et du patrimoine.
Une exceptionnelle paire de chaises garnies du salon de compagnie de Mme du Barry, dernière favorite de Louis XV, du maître menuisier Louis Delanois ? Deux chaises issues du pavillon du Belvédère de Marie-Antoinette à Versailles et classées trésor national ? Une bergère signée Jean-Baptiste Sené, illustre ébéniste du XVIIIe ? Derrière ces raretés se cachait une supercherie de haut vol.
Revendus à prix d’or par des antiquaires au château de Versailles ou à des collectionneurs fortunés comme un héritier Hermès ou un prince du Qatar, ces chefs-d’œuvre de raffinement de l’art français se sont avérés être des copies parfaitement réalisées.
Produite par l’expert de l’art Bill Pallot, auteur de l’ouvrage de référence mondial sur le mobilier français du XVIIIe, en association avec l’ébéniste parisien réputé Bruno Desnoues, la série de faux meubles a trompé aussi bien les conservateurs que les galeries spécialisées, interrogeant sur les pratiques de ce petit monde fermé.
«Nous sommes dans un milieu où l’escroquerie sévit à ciel ouvert» a constaté avec amertume devant les enquêteurs un ancien conservateur en chef de Versailles. À l’origine de ce dossier rocambolesque se trouve un «pari» de Bill Pallot et Bruno Desnoues. Reconnus dans leur domaine, les deux hommes se mettent en tête de leurrer les plus grands spécialistes et acquéreurs de l’art français du XVIIIe.
À partir de 2007-2008, ils produisent dans l’atelier de l’ébéniste du faubourg Saint-Antoine, quartier historique de l’artisanat du bois à Paris, une poignée de faux sièges à partir de carcasses d’époque, ce qui permet une datation du bois authentique. Cette supercherie, «grisante» de leur propre aveu, leur rapportera des centaines de milliers d’euros. Et bien davantage encore aux galeries ayant pignon sur rue qui acquièrent les faux, en ignorance de cause, pour les revendre à Versailles ou à des collectionneurs particuliers.
Pendant des années, l’imposture passe inaperçue. Mais en 2014, la cellule antiblanchiment Tracfin détecte des opérations financières et immobilières dans le Val-d’Oise d’un couple de Portugais, un chauffeur et une coiffeuse, qui semblent sans commune mesure avec leurs revenus déclarés. En remontant le fil, les enquêteurs découvrent que le mari est en lien avec l’ébéniste du faubourg Saint-Antoine et finissent par mettre au jour cet incroyable trafic, particulièrement embarrassant pour le prestige du château de Versailles.
Contacté par l’intermédiaire de son avocate, le Domaine national – partie civile dans le dossier au côté de la maison d’enchères Sotheby’s – n’a pas souhaité s’exprimer avant le procès, de même que la défense de Bill Pallot.
«Si la France est encore importante dans le monde, c’est en raison de sa culture et de son excellence patrimoniale», a déclaré Jean-Jacques Neuer, avocat de la succession d’Hubert Guerrand-Hermès, décédé en 2016, en fustigeant un «tort considérable» à la réputation du pays.
En novembre 2023, l’information judiciaire a abouti à un non-lieu pour l’intermédiaire entre Bill Pallot et les galeries, ainsi qu’un doreur qui travaillait sur les faux sièges. La justice a estimé que ceux-ci avaient été dupés par la renommée du flamboyant dandy aux costumes trois-pièces, aujourd’hui âgé de 61 ans.
Elle a en revanche renvoyé devant le tribunal correctionnel la galerie d’antiquaires Kraemer, l’une des plus luxueuses de Paris, avec l’un des frères qui la dirige, Laurent Kraemer.
Si le juge d’instruction a reconnu que les Kraemer n’étaient pas «de connivence» avec les mystificateurs, il leur est reproché de «ne pas avoir procédé à des vérifications suffisamment poussées» sur les meubles incriminés. «Toute la chaîne du marché de l’art s’est fait avoir par les faussaires. Les avocats Mauricia Courrégé et Martin Reynaud ont déclaré à l’AFP que «Factuellement comme juridiquement, la seule place des Kraemer dans ce dossier est celle de victimes». Les avocats Mauricia Courrégé et Martin Reynaud ont déclaré à l’AFP que «Juridiquement, la seule place des Kraemer dans ce dossier est celle de victimes». Un expert référence du mobilier royal du XVIIIe, un ébéniste meilleur ouvrier de France et une prestigieuse galerie d’antiquaires parisiens comparaissent jusqu’au 4 avril devant le tribunal de Pontoise pour une affaire de fabrication et de vente de faux sièges d’époque entre 2008 et 2015.
Des spécialistes réputés du mobilier du XVIIIe siècle se sont retrouvés impliqués dans la fabrication de faux meubles historiques, capable de duper même le château de Versailles. Le scandale a secoué le microcosme feutré des antiquaires et du patrimoine. Des meubles vendus à prix d’or par des antiquaires renommés se sont avérés être des copies parfaites, trompant conservateurs, galeries spécialisées, et collectionneurs fortunés.
Produite par l’expert de l’art Bill Pallot et l’ébéniste Bruno Desnoues, la série de faux meubles a mis en lumière les pratiques douteuses de ce petit monde fermé. Les accusés se sont lancés dans cette supercherie pour leurrer les plus grands spécialistes et acquéreurs de l’art français du XVIIIe. La tromperie a duré des années avant d’être révélée par la cellule antiblanchiment Tracfin.
L’enquête a révélé un trafic financier et immobilier mettant en cause un couple de Portugais, ce qui a conduit à la découverte de l’incroyable supercherie. Le Prestige du château de Versailles en a été affecté, suscitant l’indignation de plusieurs parties civiles et avocats impliqués dans l’affaire.
Malgré un non-lieu pour certains intervenants, l’affaire a mis en lumière les enjeux de la contrefaçon dans le milieu de l’art et du patrimoine. Les répercussions sur la réputation du pays ont été soulignées par les avocats et parties civiles impliqués dans le procès. La culture et l’excellence patrimoniale de la France ont été mises en avant comme des éléments essentiels de son importance dans le monde.
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