À terre, en ce mois de juin 2025, on a eu chaud, très chaud. En mer aussi, des canicules se multiplient. C’est l’objet d’un symposium organisé du 1er au 4 juillet à Brest. 400 scientifiques se penchent sur l’impact des vagues de chaleur marines. Explications.
D’ordinaire, début juillet, sur les plages du Finistère, on hésite parfois un peu avant de glisser un orteil dans l’eau… Mais cette année, on ose s’aventurer. Les pieds, les jambes… Et plouf… Une eau à 18° à Brest, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les baigneurs ! Car tous en sont conscients, si les océans se réchauffent, cela aura forcément un impact sur les poissons, les coquillages et les algues.
Jérémy se baigne toute l’année, ou presque. L’eau à 12-13° ne lui fait pas peur. Alors en ce début d’été, il plonge sans réfléchir mais de retour sur le sable, il s’inquiète pour les poissons, les coquillages et les algues.
«Nous, on est à la rencontre de deux mers, explique une autre habituée. C’est la rencontre entre la Manche et l’Atlantique, donc il y a des courants et ça refroidit l’eau. En début de saison, elle est à 14, puis elle monte à 16-17° ! Il faut qu’il fasse vraiment chaud sur une longue période pour qu’elle monte davantage !»
Mais aujourd’hui, les sauveteurs l’ont écrit sur le tableau à l’entrée de la plage, l’eau est bien à 18° !
Temps breton qui a établi une carte des températures exceptionnelles des eaux bretonnes a une explication : «ces anomalies fortes sont liées à un fort ensoleillement, à un faible brassage des eaux de mer à cause de l’absence de perturbations océaniques, de températures particulièrement élevées depuis plusieurs mois et au changement climatique qui accentue tous les phénomènes extrêmes.»
On observe des températures en hausse à la surface de l’eau en ce début juillet, + 3° à Brest et dans le Morbihan, plus 2,5° dans le Finistère nord, plus 2° dans les Côtes d’Armor.
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Les scientifiques parlent de canicule marine quand la température de l’eau dépasse les températures normales pendant plusieurs jours. «En mer d’Iroise où les températures sont normalement à 16, quand il y a 18° c’est une canicule», décrit Martial Laurans, chercheur à Ifremer, spécialisé dans le suivi des champs de laminaires.
«C’est dans le Sud Bretagne, là où il y a des courants plus faibles et des profondeurs d’eau moins importantes que les canicules marines sont les plus fréquentes. L’Atlantique souffre moins que la Méditerranée, mais il n’est pas épargné par le phénomène.»
À ces canicules marines, s’ajoute une hausse des températures de l’eau en hiver. «Dans certains secteurs, l’eau descendait régulièrement en dessous de 10° et ce n’est plus le cas aujourd’hui. En rade de Brest ou en baie de Morlaix, la température chutait à 8°, cela n’arrive plus non plus ! Les températures de l’eau augmentent.»
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«Avec ces hausses des températures, progressivement on a des écosystèmes qui vont changer, prévient Martial Laurans. Certains vont pouvoir s’adapter mais passé un certain seuil d’autres vont commencer à souffrir.«
Certaines algues ont déjà commencé à régresser. Dans l’archipel de Molène notamment, les chercheurs constatent des phénomènes de mortalité. Martial Laurans précise qu’il est difficile pour l’instant de déterminer si les problèmes proviennent des canicules ou d’une augmentation des températures à laquelle les algues auraient du mal à s’habituer.
Mais il souligne l’importance de ces champs d’algues en Bretagne, où la biomasse algale atteint 2 à 3 millions de tonnes. Il met en garde contre la disparition de cet écosystème si les algues venaient à disparaître. Ces algues fournissent des habitats et de la nourriture pour les poissons et les crustacés, certains ayant une valeur économique. De plus, elles contribuent à la fixation du carbone.
Il évoque également le danger qui pèse sur les algues, citant l’exemple de l’Ouest australien où les champs de laminaires ont laissé place à des coraux, illustrant une tropicalisation inquiétante. Il souligne la difficulté de restaurer ces champs d’algues face à la pression humaine croissante et au changement climatique.
Le chercheur conclut en indiquant que des efforts de restauration sont possibles en réduisant la pression humaine, mais que la lutte contre le changement climatique reste un défi majeur. En début de saison, la température de l’eau était à 14 degrés, puis elle est montée à 16-17 degrés ! Il faut une longue période de chaleur intense pour qu’elle augmente encore plus !»
Mais aujourd’hui, les sauveteurs ont affiché sur le tableau à l’entrée de la plage que l’eau était à 18 degrés !
Temps breton, qui a dressé une carte des températures exceptionnelles des eaux bretonnes, explique : «Ces fortes anomalies sont dues à un ensoleillement intense, à un faible brassage des eaux de mer en raison de l’absence de perturbations océaniques, à des températures particulièrement élevées depuis plusieurs mois et au changement climatique qui accentue tous les phénomènes extrêmes.»
On constate une augmentation des températures en surface de l’eau en ce début de juillet, +3 degrés à Brest et dans le Morbihan, +2,5 degrés dans le Finistère nord, +2 degrés dans les Côtes d’Armor.
Les scientifiques parlent de canicule marine lorsque la température de l’eau dépasse les normales pendant plusieurs jours. «En mer d’Iroise, où les températures sont normalement à 16 degrés, lorsque cela atteint 18 degrés, c’est une canicule», décrit Martial Laurans, chercheur à Ifremer spécialisé dans le suivi des champs de laminaires.
«C’est dans le Sud Bretagne, là où les courants sont plus faibles et les profondeurs d’eau moins importantes, que les canicules marines sont les plus fréquentes. L’Atlantique souffre moins que la Méditerranée, mais il n’est pas épargné par le phénomène.»
À ces canicules marines s’ajoute une hausse des températures de l’eau en hiver. «Dans certains secteurs, l’eau descendait régulièrement en dessous de 10 degrés et ce n’est plus le cas aujourd’hui. En rade de Brest ou en baie de Morlaix, la température chutait à 8 degrés, cela n’arrive plus non plus ! Les températures de l’eau augmentent.»
«Avec ces hausses des températures, progressivement, on observe des changements dans les écosystèmes», prévient Martial Laurans. «Certains pourront s’adapter, mais au-delà d’un certain seuil, d’autres commenceront à souffrir.»
Certaines algues ont déjà commencé à régresser. Dans l’archipel de Molène notamment, les chercheurs constatent des phénomènes de mortalité. Il est difficile pour l’instant de déterminer si les problèmes viennent des canicules ou d’une hausse des températures à laquelle elles peinent à s’habituer, précise Martial Laurans.
Mais il souligne l’importance de ces champs d’algues. «En Bretagne, la biomasse algale est de 2 à 3 millions de tonnes. Si elles disparaissent, c’est tout un écosystème qui s’effondre.»
Ces algues créent des habitats pour les poissons et les crustacés, les nourrissant ainsi. Certains de ces poissons ont une valeur économique car ils sont pêchés. Leur vie est liée à ces champs d’algues. Et, insiste le chercheur, les algues sont également utiles pour fixer le carbone.
Mais les algues sont en danger. «Il y a 20 ans, dans l’Ouest australien, nous avions des champs de laminaires, aujourd’hui, nous avons des coraux. Nous assistons à une tropicalisation. Revenir en arrière est pratiquement impossible.»
«Ici et là, conclut le chercheur, il y a des possibilités de restaurer ces champs d’algues en réduisant la pression humaine, mais il est difficile de lutter contre le changement climatique.»
À terre, en ce mois de juin 2025, la chaleur a été intense. En mer aussi, les canicules se multiplient. C’est le sujet d’un symposium organisé du 1er au 4 juillet à Brest, où 400 scientifiques se penchent sur l’impact des vagues de chaleur marines. Explanation
Usually, in early July, on the beaches of Finistère, one sometimes hesitates before dipping a toe in the water… But this year, people dare to venture. Feet, legs… And splash… Water at 18°C in Brest is both good and bad news for swimmers! Because everyone is aware that if the oceans warm up, it will inevitably have an impact on fish, shellfish, and algae.
Jeremy swims all year round, or almost. Water at 12-13°C doesn’t scare him. So at the beginning of summer, he plunges without thinking, but back on the sand, he worries about the fish, shellfish, and algae.
«We are at the meeting point of two seas,» explains another regular. «It’s the meeting between the English Channel and the Atlantic, so there are currents and it cools the water. At the beginning of the season, it’s at 14, then it rises to 16-17°C! It really needs to be hot for a long time for it to rise further!»
But today, the lifeguards have written it on the board at the entrance of the beach, the water is indeed at 18°C!
Temps Breton, which has established a map of exceptional temperatures in Breton waters, has an explanation: «these strong anomalies are related to intense sunshine, weak mixing of seawater due to the absence of oceanic disturbances, particularly high temperatures for several months, and climate change which accentuates all extreme phenomena.»
We observe rising temperatures at the water’s surface in early July, +3°C in Brest and in Morbihan, plus 2.5°C in northern Finistère, plus 2°C in Côtes d’Armor.
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Scientists talk about marine heatwaves when the water temperature exceeds normal temperatures for several days. «In the Iroise Sea where temperatures are normally at 16, when it’s 18°C, it’s a heatwave,» describes Martial Laurans, a researcher at Ifremer, specializing in monitoring kelp fields.
These marine heatwaves are accompanied by an increase in water temperatures in winter. «In certain areas, the water regularly dropped below 10°C and this is no longer the case today. In the Brest harbor or in the Bay of Morlaix, the temperature used to drop to 8°C, which no longer happens! Water temperatures are increasing.»
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«With these temperature increases, gradually we will see ecosystems changing,» warns Martial Laurans. «Some will be able to adapt but beyond a certain threshold, others will start to suffer.»
Some algae have already begun to regress. In the Molène archipelago, researchers observe phenomena of mortality. Actuellement, il est difficile de déterminer si les problèmes sont causés par les canicules ou par une augmentation des températures auxquelles les algues peinent à s’adapter», précise Martial Laurans.
Cependant, il souligne l’importance de ces champs d’algues. «En Bretagne, la biomasse algale est de 2 à 3 millions de tonnes. Si elles venaient à disparaître, tout un écosystème s’effondrerait.»
Ces algues fournissent des habitats pour les poissons et les crustacés, les nourrissant ainsi. Certains de ces poissons ont une valeur économique car ils sont pêchés. Leur vie est étroitement liée à ces champs d’algues. De plus, les algues jouent un rôle crucial dans la fixation du carbone.
Cependant, les algues sont en danger. «Il y a 20 ans dans l’Ouest australien, nous avions des champs de laminaires, aujourd’hui nous avons des coraux. Nous assistons à une tropicalisation. Revenir en arrière est pratiquement impossible.»
Le chercheur souligne qu’il existe des possibilités de restaurer ces champs d’algues en réduisant la pression humaine, mais la lutte contre le changement climatique est difficile.
(Avec Claire Louet)
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